Premier vol d’un avion géant A380 partiellement alimenté au gaz

 
 
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Un Airbus A380 à Los Angeles le 28 novembre 2007 (Photo : Gabriel Bouys)

[01/02/2008 16:18:12] FILTON (Grande-Bretagne) (AFP) Un avion géant A380 d’Airbus a réalisé vendredi un premier vol d’essai partiellement alimenté d’un carburant de synthèse liquide dérivé du gaz, reliant en trois heures le site du constructeur européen de Filton à son siège de Toulouse.

Le très gros porteur, mis en service l’an passé, a été choisi pour ces tests car il est l’avion de ligne dont la consommation de carburant est la plus faible du marché, a indiqué Airbus.

Pour cet essai, seul l’un des quatre réacteurs Trent 900 (celui situé à l’extérieur de l’aile gauche) du motoriste britannique Rolls-Royce était alimenté à 40% au GTL (Gaz to liquids) et 60% au kérosène, les trois autres fonctionnant également au kérosène classique.

“Cela va nous permettre d’évaluer les différences de réaction des moteurs”, a expliqué Sébastien Remy, directeur du programme de recherche pour les carburants alternatifs chez Airbus, lors d’une conférence de presse à Filton.

Le carburant de synthèse a été fourni par le pétrolier anglo-néerlandais Shell. Selon Airbus, “il possède des caractéristiques intéressantes pour la qualité de l’air et présente des avantages en termes de consommation par rapport au kérosène. “Il ne contient pas de soufre, donc pas d’émission de dioxyde de soufre”, a affirmé M. Remy.

“Le comportement de l’avion a été normal. Le moteur s’est comporté exactement comme les trois autres”, a affirmé Hugues van der Stichel, l’un des deux pilotes de l’A380 portant sur sa carlingue “Greener, cleaner, quieter, smarter” (plus vert, plus propre, plus calme et plus intelligent).

En développant cette nouvelle technique, Airbus affirme vouloir réduire la dépendance des compagnies aériennes au pétrole et à son coût de plus en plus élevé. Le coût de ce carburant alternatif reste encore toutefois très incertain, a reconnu Paul Bogers, l’un des représentants de Shell, pendant la conférence de presse.

“C’est un démarrage d’un grand programme de recherches”, s’est félicité le directeur général d’Airbus Fabrice Brégier peu après l’atterrissage. “Ce carburant, à partir de gaz naturel, sera disponible relativement prochainement”, a-t-il insisté.

Ces essais de carburant s’inscrivent dans le cadre d’un accord signé en novembre dernier à Dubaï entre Airbus, Rolls-Royce, Shell et la compagnie aérienne Qatar Airways, portant sur l’étude des avantages potentiels de ce carburant alternatif au kérosène.

Qatar Airways, propriété du gouvernement de cet Etat du Golfe qui détient 15% des réserves mondiales de gaz, compte ainsi devenir la première compagnie aérienne à utiliser ce type de carburant. Dès 2009, elle veut utiliser des appareils alimentés à 50% avec un carburant de synthèse liquide dérivé du gaz.

La compagnie pétrolière Qatar Petroleum construit actuellement une raffinerie destinée à fournir ce carburant, qui devrait alimenter à partir de 2011, une fois l’usine achevée, tous les appareils de Qatar Airways.

Les essais avec le GTL pourraient ouvrir la voie aux biocarburants – actuellement non disponibles en quantités suffisantes pour un usage commercial.

“Pour cela, il faudra attendre qu’il y ait une filière pour les développer”, a déclaré M. Brégier.

Car tous sont fabriqués selon le même procédé, connu sous le nom de Fischer-Tropsch. Il a été inventé en Allemagne dans les années 1920, utilisé ensuite sous le nazisme, puis au cours des années 1950 en Afrique du Sud avec du charbon transformé en carburant liquide, ces deux pays étant alors privés de ressources pétrolières.

Airbus table sur un premier test de vol avec un avion alimenté au biocarburant en 2009. “En 2025, il est possible que 25% du carburant utilisé par les avions soit du carburant alternatif, et qu’en 2030, 30% soit du biocarburant”, a prédit M. Remy.

 01/02/2008 16:18:12 – © 2008 AFP