L’Allemagne croit en la poursuite de son “boom” de l’emploi

 
 
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File d’attente dans une agence pour l’emploi, à Leipzig, le 14 février 2006 (Photo : Sebastian Willnow)

[03/01/2008 13:38:55] FRANCFORT (AFP) Après un excellent cru 2007, le “boom” du marché du travail en Allemagne a encore de beaux jours devant lui, assurent de nombreux experts qui misent sur une nouvelle décrue du chômage en 2008 malgré la perte de vitesse attendue de la première économie de la zone euro.

Le nombre des demandeurs d’emplois s’est réduit de 711.000 en 2007 pour tomber à 3,776 millions en moyenne : “Il s’agit du plus fort recul depuis l’existence de la République fédérale”, a déclaré jeudi le président de l’agence pour l’emploi, Frank Weise, en dévoilant ces chiffres lors d’une conférence de presse.

Le marché a profité à plein de la relance économique en Allemagne, a-t-il expliqué. Les nouveaux emplois créés sont désormais en majorité soumis à cotisation sociale. Au début de la relance il y a deux ans, il s’agissait avant tout de petits boulots subventionnés.

Plus globalement, le pays récolte les fruits des douloureuses réformes du marché du travail mises en place sous l’ancien chancelier social-démocrate, Gerhard Schröder, et des revendications salariales restées modérées.

“Le marché de l’emploi reste dans une période de boom dont la fin n’est pour le moment pas en vue”, estime Heinrich Bayer, analyste à la Postbank, commentant les chiffres du seul mois de décembre.

Ces derniers ont pris par surprise les économistes: le nombre de chômeurs en données corrigées des variations saisonnières a en effet reculé de 78.000, largement plus que prévu. Le taux est tombé à 8,4%, au plus bas depuis mars 1993.

Certes les nuages s’amoncellent sur l’économie. Mais 2008 s’annonce malgré tout favorable à l’emploi.

“La demande en main d’oeuvre reste élevée et laisse entrevoir une poursuite de l’augmentation de l’emploi également en 2008”, selon M. Weise, qui maintient sa prévision d’un nombre moyen de chômeurs de 3,5 millions cette année.

“Nous fondons nos estimations sur les carnets de commandes des entreprises”, poursuit-il. Si la conjoncture souffrait moins que prévu des conséquences de la crise du crédit aux Etats-Unis, le recul de chômage pourrait être plus marqué, indique-t-il.

Un marché du travail dynamique, conjugué à une augmentation probable des salaires et une inflation qui devrait retomber sous les 2% l’an prochain: les conditions sont réunies pour qu’intervienne enfin le réveil des consommateurs, pour le moment échaudés par la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, estiment de nombreux économistes.

“Nous attendons un rebond majeur (de la consommation) à partir du printemps”, souligne Holger Schmieding, économiste à la Bank of America. La consommation doit prendre le relais d’exportations et d’investissements industriels appelés à s’essoufler.

Si l’économie gagne à nouveau en vitesse fin 2008, une fois digéré le cocktail explosif du pétrole cher, de l’euro fort et du “subprime”, et si le gouvernement garde son cap en matière de politique de l’emploi, “le chômage pourrait tomber sous la barre symbolique des 3 millions au moment des prochaines élections générales de l’automne 2009”, pointe l’expert.

Mais M. Weise a mis en garde les syndicats contre des revendications salariales très élevées, alors que le très influent syndicat IG Metall réclame une augmentation de salaires de 8% pour les quelque 100.000 travailleurs de l’acier et que Verdi, le syndicat des services, en demande autant pour les fonctionnaires de l’Etat et des communes.

Le marché de l’emploi peut certes encaisser de légères hausses des rémunérations, a estimé M. Weise, avant d’ajouter: “Si elles sont trop élevées, ce sera difficile”.

 03/01/2008 13:38:55 – © 2008 AFP