Les voitures allemandes se vendent bien… sauf en Allemagne

 
 
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Un ouvrier dans une usine BMW à Munich, le 17 octobre 2007 (Photo : Lennart Preiss)

[17/11/2007 11:39:45] FRANCFORT (AFP) BMW, Mercedes, Volkswagen : tous décrochent record sur record de ventes depuis le début de l’année. Mais si les voitures allemandes s’exportent à merveille, 2007 pourrait bien être la pire année depuis la Réunification sur le marché intérieur.

Les chiffres de la Fédération des constructeurs allemands, le VDA, sont explicites. Malgré le niveau élevé de l’euro face au dollar, ils ont déjà exporté, entre janvier et octobre, 3,61 millions de véhicules, soit un bond de 11% sur un an.

“2007 devrait être la cinquième année record d’affilée à l’exportation”, se félicite l’organisme.

En revanche, sur la même période, les nouvelles immatriculations en Allemagne ont chuté de 8%, à 2,62 millions d’unités, avec des commandes en berne (-7%).

“2007 devrait être la pire année pour le marché automobile en Allemagne depuis la Réunification, avec seulement 3,1 millions de nouvelles immatriculations”, avance ainsi Willi Diez, directeur de l’Institut pour l’automobile (IFA) de Geisligen (sud-ouest de l’Allemagne).

En une dizaine d’années, l’automobile allemande a plus que doublé son chiffre d’affaires. Contrairement à d’autres pays européens, elle a même accru sa part dans le chiffre d’affaires global de l’industrie du pays.

2007 signerait-elle la fin, ou du moins le déclin, de cet âge d’or ?

“Il ne faut pas l’isoler des autres années, il faut prendre en compte toute une série de facteurs exceptionnels”, rétorque Rotter Eckehart, porte-parole du comité des constructeurs.

2007 a en effet subi le contre-coup du boom de l’an dernier, provoqué par la hausse annoncée de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) -passée de 16 à 19% au début de 2007-, et qui a dopé les ventes de 2006.

“Ce sont 100.000 voitures qui ont été achetées en avance en 2006 et qui manquent cette année” dans les statistiques, selon le directeur de l’IFA.

Plus globalement, “le consommateur allemand est dans l’incertitude”, insiste M. Eckehart, du VDA. “Les gens attendent pour changer de voiture, alors que l’âge des véhicules n’a jamais été aussi élevé en Allemagne, avec une moyenne de 8,1 ans”.

Le porte-parole cite en vrac toutes les marottes des professionnels du secteur : les taxes trop élevées, les assurances qui augmentent, le débat sur l’écologie, sans compter la montée des prix de l’essence à la pompe, dans la foulée du pétrole cher.

La discussion sur la protection de l’environnement est traditionnellement plus vive en Allemagne que chez ses voisins européens. Et les clients s’y inquiètent de l’apparition d’une nouvelle taxe écologique pesant sur les propriétaires de voitures.

“Le phénomène touche avant tout les constructeurs généralistes comme Volkswagen, Opel ou Ford”, explique M. Diez. “Sur le haut-de-gamme, les clients ont plus de moyens financiers.”

La Commission européenne projette de réduire les émissions de CO2 des voitures neuves à 120 grammes par kilomètre à partir de 2012, quand l’Allemagne, connue pour ses berlines et ses tout-terrain gourmands en carburant, plaide pour un dispositif différencié selon les catégories de véhicules.

Les experts n’attendent pas de vrai retournement de la tendance l’an prochain.

“Le marché devrait se remettre légèrement en 2008 grâce à la baisse du chômage qui devrait se poursuivre et aux salaires qui devraient augmenter un peu plus que les années précédentes”, considère le directeur de l’IFA. “Mais il restera à un niveau bas, avec 3,28 millions de véhicules livrés.”

Soit bien loin des records des années précédentes, compris entre 3,5 et 3,8 millions.

 17/11/2007 11:39:45 – © 2007 AFP