Fronde aux puces de Paris contre le Duc de Westminster

 
 
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Vue des puces de Saint-Ouen (Photo : Jacques Demarthon)

[07/10/2007 07:32:28] PARIS (AFP) Invoquant Robin des bois, le village d’Astérix, ou encore Jean de la Fontaine, nombre des 400 marchands de deux fleurons des puces de Paris mènent une fronde contre leur propriétaire britannique, le Duc de Westminster, l’accusant de vouloir leur “mort” en augmentant les loyers.

Quelque 150.000 visiteurs se pressent le week-end dans les ruelles des marchés aux puces de Saint-Ouen, dans le nord de Paris, où se mêlent antiquités et bric-à-brac depuis 120 ans dans un marché considéré comme l’un des plus grands au monde.

Vêtus de tee-shirts noirs barrés de “Vos puces en danger” à l’occasion de l’inauguration du “Mondial de l’Antiquité”, les marchands des deux marchés emblématiques des puces, Paul Bert et Serpette, distribuent aux visiteurs leur version de circonstance de la fable de Jean de La Fontaine, “Le Savetier et le Financier”.

“Nous ne sommes pas à vendre, gardez vos 100 écus, regagnez la perfide Albion ! Personne ne pourra jamais exploiter le commerce des brocanteurs à leur place”, dit la fable détournée à l’adresse du Duc de Westminster.

“Je suis en guerre contre le Duc”, lance une marchande, chapeau de Robin des bois vissé sur la tête, en distribuant le texte.

Les brocanteurs reprochent au duc de Westminster, l’un des hommes les plus riches du monde qui a racheté les marchés en décembre 2005, une logique mercantile qui fait fi de “l’histoire” des puces de Saint-Ouen pour en faire un marché des antiquaires de luxe.

Grosvenor, société foncière privée du Duc de Westminster, détient aussi la rue d’antiquaires Pimlico Road à Londres et gère dans le monde plus de 15 milliards d’euros d’actifs immobiliers de commerces et de bureaux.

“Les puces c’est un grande famille où on s’engeule aussi. Mais là, c’est le village d’Astérix uni face à l’envahisseur. Tout le monde est soudé”, explique à l’AFP l’avocat des marchands, Me Eric Hauterive.

Selon lui, les hausses de loyers imposées par le groupe Grosvenor “atteignent entre 35% et 70%” et condamnent à terme les marchands déjà victimes, selon lui, de la récession du marché de l’art, entraînée par un euro fort face au dollar “qui fait fuir les acheteurs américains”.

“Notre crainte c’est que le neuf prenne le dessus, qu’on se retrouve avec du pseudo-antiquaire pour couvrir les coûts”, relève Marc Maisons, un antiquaire spécialisé dans la décoration architecturale du 19ème siècle.

“L’antiquité est devenue un luxe. Il n’y a qu’un microcosme qui survit. Mais on peut pas supporter une augmentation comme ça”, ajoute-t-il, affirmant que les loyers sont déjà aussi hauts que dans les quartiers les plus chics de Paris. Le loyer de ces marchés s’élevait en 2004 à 3,6 millions d’euros pour 420 stands répartis sur 8.300 m2.

Certains affirment que le nouveau propriétaire veut purement et simplement les expulser.

“Ils nous ont fait une proposition qui était un torchon au niveau juridique. Ils ont fait ça pour intimider les âmes sensibles mais je ne bougerai pas. Je veux le même bail à l’identique”, affirme Pascal Weitz, 43 ans dont 27 passés aux puces, spécialisé dans les miroirs, les lampes et des objets rares.

“On a un folklore, une éthique, une histoire, on doit les protéger”, martèle-t-il.

Grosvenor Continental Europe affirme que “seuls les quelques locataires qui ne respectaient pas leurs obligations contractuelles au titre de leur bail, se sont vus recevoir des refus de renouvellement”.

Le groupe se dit persuadé que “l’activité réalisée sur ces deux marchés de même que sur l’ensemble des Puces de Paris Saint-Ouen peut être fortement dynamisée”.

 07/10/2007 07:32:28 – © 2007 AFP