France : l’économie sociale et solidaire, grande pourvoyeuse d’emplois

 
 
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Martin Hirsch à Grenoble, le 14 septembre 2007 (Photo : Jean-Pierre Clatot)

[04/10/2007 16:49:29] PARIS (AFP) Près d’un salarié sur sept du secteur privé travaille dans le secteur de l’économie sociale, notamment dans les associations qui ont enregistré un record de créations sur un an (+70.000), selon une étude du CerPhi publiée jeudi.

L’économie sociale regroupe associations, mutuelles, coopératives et fondations qui ont en commun de ne pas faire du profit une finalité. Elle emploie un salarié du privé sur sept — un sur cinq même dans les Deux-Sèvres, le pays des mutuelles — soit 2,6 millions de personnes, selon le rapport 2007 du Centre d’étude et de recherche sur la philanthropie.

Avec 210.000 employeurs et près de 57 milliards d’euros de masse salariale en 2006, “elle constitue un enjeu économique et social majeur en France”, selon le rapport.

Le nombre d’employeurs a augmenté de 5% entre 2000 et 2006, les fondations notamment se développant fortement (+36%).

L’économie sociale et solidaire a un “potentiel gigantesque, à l’évidence sous-exploité”, a estimé le Haut commissaire aux solidarités nouvelles Martin Hirsch, en ouvrant jeudi à Saint-Denis le 2e Forum national de l’emploi dans ce secteur.

Les associations y ont une place prépondérante, avec 1,7 million de salariés et 170.000 employeurs. Le nombre d’emplois y a progressé de 14% entre 2000 et 2006 (près de 212.000 emplois nouveaux).

“Quel autre secteur peut présenter le même résultat?”, interroge le CerPhi, qui précise que ces emplois représentaient 7,9% du secteur privé en 2000 et 8,5% aujourd’hui.

Mais l’évolution est très différente selon les domaines couverts par les associations. Sans surprise, l’aide à domicile a fait un bond spectaculaire, progressant de 67% en six ans. Les activités artistiques ou l’aide aux personnes handicapées sont aussi demandeuses d’emploi (+42% et +38%).

En revanche, l’emploi associatif n’a progressé que de 5% dans l’éducation, la santé ou les activités sportives, et a même régressé dans la recherche.

Les salaires moyens varient aussi fortement, de 11.000 euros annuels dans l’aide à domicile à 17.000 dans les activités audiovisuelles ou 33.000 dans les organisations patronales.

Les Français sont plus que jamais attirés par le monde associatif, ils ont créé 70.000 associations entre septembre 2006 et août 2007, soit 3% de plus que l’année antérieure. La France compte plus d’un million d’associations mais la plupart n’emploie pas de salariés.

Ce dynamisme n’est pas sans danger, note le CerPhi, il risque de développer une concurrence déjà vive dans un secteur toujours en quête de financements et de bénévoles, au détriment des petites structures.

Le secteur est en effet fragile, puisque la moitié des associations qui emploient des salariés en comptent moins de trois. Parmi celles-ci, 47% repérées en 2000 ne sont plus employeurs aujourd’hui.

Très dépendantes des dispositifs d’aide à l’emploi, elles sont fortement pénalisées par tout changement de politique les concernant. Elles ont notamment souffert de la disparition des emplois-jeunes en 2003-2004, rappelle le rapport, et aujourd’hui, la diminution des contrats aidés prévue dans le budget 2008, “leur est très préjudiciable”, affirme à l’AFP Cécile Bazin, directrice d’études au CerPhi.

Le manque d’information sur les dispositifs existants est également pénalisant. Ainsi seules 20% des associations potentiellement concernées par le Chèque emploi associatif, qui facilite la gestion des emplois, l’utilisent.

 04/10/2007 16:49:29 – © 2007 AFP