DaimlerChrysler tourne la page de son aventure américaine et devient Daimler

 
 
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Locaux de DaimlerChrysler à Auburn Hills, dans le Michigan (Photo : Bill Pugliano)

[04/10/2007 19:52:28] BERLIN (AFP) Le constructeur automobile allemand DaimlerChrysler a définitivement tourné la page de son aventure américaine jeudi en faisant voter ses actionnaires sur son changement de nom en Daimler, un pas symbolique important accompli dans une ambiance de kermesse.

Le changement de nom a été approuvé à 98,76% des droits de vote représentés dans la soirée, au terme d’une AG-marathon de plus de dix heures. C’est la dernière étape de la séparation d’avec le constructeur américain Chrysler, grande affaire du secteur automobile de ces derniers mois. Mais le divorce de Daimler et Chrysler, mariés pendant neuf ans et jamais vraiment heureux en ménage, n’a été qu’un des sujets abordés par les actionnaires lors d’une assemblée plutôt dissipée.

De l’installation de la cuisine de Jürgen Schrempp, prédécesseur de Dieter Zetsche aux manettes du groupe, aux places de parking pour les actionnaires, en passant par les crèches d’entreprise, tout y est passé. Jusqu’à un actionnaire en costume de Père Noël venu exposer son point de vue.

“On se croirait au cabaret!”, commentait, hilare, Karl-Dietrich Decker, qui détient 1.000 actions et s’amusait du défilé des orateurs, pour certains très vindicatifs, et des cris de la salle.

L’enquête sur de possibles délits d’initiés chez EADS, révélée mercredi par la presse française, s’est aussi invitée dans les débats: le président du conseil de surveillance de Daimler Manfred Bischoff, qui présidait à ce titre la séance, s’est vu contraint de démentir à plusieurs reprises les rumeurs selon lesquelles il serait incriminé par un rapport de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) française.

Quelque 4.700 actionnaires étaient présents dans le centre des congrès de Berlin en début de séance, un chiffre qui était déjà descendu à 3.000 quelque cinq heures plus tard, et à 1.800 à 14H30 GMT, l’endurance des actionnaires présents, parmi lesquels une majorité sont bien installés dans le troisième âge, ayant été mise à rude épreuve.

Pour Daimler, la cession de Chrysler au fonds Cerberus, finalisée en août dernier, et le nom allégé en conséquence, marquent un nouveau départ, a martelé M. Zetsche. A partir de maintenant “nous nous concentrons sur ce que nous savons le mieux faire”, a-t-il expliqué, à savoir les voitures haut de gamme (Mercedes, Smart et Maybach) et les camions et bus. Chrysler, racheté en 1998, était un foyer de pertes pour Daimler, malgré plusieurs plans de restructurations successifs.

C’est sans doute pourquoi parmi les actionnaires présents, la cession de Chrysler ne semblait pas faire débat, et c’est sans état d’âme qu’ils ont évincé la filiale américaine du nom du groupe.

Sans contester le recentrage, un certain nombre d’entre eux s’étaient pourtant insurgés contre le changement de nom en Daimler et non pas Daimler-Benz, son nom d’avant la fusion avec Chrysler. Heidemarie Hirsch, née Benz, est ainsi venue défendre l’honneur de son arrière-arrière-grand-oncle et pionnier de l’automobile Carl Benz, accusant la direction de “tourner le dos à l’identité et à l’histoire de la société”. Et pour Paul Russmann, qui représentait le groupe des actionnaires critiques de Daimler, “Daimler sans Benz, c’est comme s’il manquait du sel dans la soupe”.

“Avec le nom Daimler, nous montrons clairement que nous sommes une autre entreprise que celle que nous étions”, a pour sa part argumenté M. Zetsche.

“Ce qu’il dit m’a convaincu”, opinait l’actionnaire M. Decker. Sans se faire d’illusion sur le poids de son vote, mais content d’être venu quand même.

 04/10/2007 19:52:28 – © 2007 AFP