USA : les sociétés de crédit immobilier font le ménage dans leurs effectifs

 
 
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Un trader à New York en 2005 (Photo : Mario Tama)

[07/09/2007 06:32:18] NEW YORK (AFP) Fragilisées par la crise de l’immobilier, les sociétés américaines de crédit hypothécaire continuent de faire le ménage dans leurs effectifs, pour s’adapter à une situation que les analystes craignent voir perdurer pendant encore plusieurs trimestres.

Jeudi, plus de 3.000 licenciements ont été annoncés dans le secteur du crédit hypothécaire, venant s’ajouter aux plus de 35.000 emplois supprimés dans le secteur financier sur le seul mois d’août.

Voulant s’ajuster “à l’environnement du marché”, la banque Lehman Brothers va supprimer 850 emplois. Ses activités hypothécaires vont faire l’objet d’un “redimensionnement” aux Etats-Unis et à l’international.

Le groupe de services financiers National City a indiqué aux analystes avoir pris “des mesures agressives dans son activité de prêts hypothécaires et de prêts adossés à l’immobilier afin de répondre aux changements survenus sur le marché”. Conséquence: plus de 1.300 suppressions d’emplois.

Selon la presse, Countrywide, leader du prêt hypothécaire, va de nouveau supprimer 900 emplois, en plus des 500 déjà annoncés, et malgré un renflouement récent de 2 milliards de dollars par Bank of America.

Si la fragilité des crédits hypothécaires à risques (“subprime”) et du marché immobilier aux Etats-Unis a commencé à poindre au printemps, fermetures, faillites par dizaines et licenciements se sont multipliés depuis.

Lehman Brothers avait ainsi déjà annoncé 1.200 licenciements fin août avec la fermeture d’une filiale spécialisée, BNC Mortgage.

Selon une étude du cabinet Challenger, Gray & Christmas, sur les 79.459 licenciements annoncés en août, “près de la moitié” ont affecté le secteur de la finance. Les licenciements y ont “atteint un record, des douzaines d’organismes de prêts immobiliers et hypothécaires ayant ployé sous la pression du marché immobilier américain”, notaient les experts du cabinet.

“Si ces décisions sont difficiles à prendre en raison de leur impact humain, nous avons par ailleurs désormais une activité aux dimensions adaptées à l’environnement économique”, a fait valoir jeudi Lehman Brothers.

En effet, du côté de l’immobilier, les derniers indicateurs montrent un ralentissement persistant de l’activité, et les prévisions sont plutôt sombres.

Selon l’Association des banques hypothécaires (MBA), le nombre de saisies de logements a atteint un niveau record au deuxième trimestre, allant crescendo pour le troisième trimestre consécutif. Plus de 5% des emprunteurs ont eu des retards de remboursement, et la situation ne devrait pas revenir à la normale avant au moins six mois, selon cette étude publiée jeudi.

Cette situation est la conséquence de la multiplication des prêts à taux variables, devenus impossibles à rembourser lorsque les taux d’intérêt ont commencé à monter tandis que le prix des logements a baissé.

Sans grande surprise, les difficultés rencontrées par les emprunteurs sont concentrées dans des Etats du nord du pays, dans la “ceinture de la rouille” désertée par l’industrie, en raison de “la situation économique et des pertes d’emplois”, selon Douglas Duncan, chef économiste de la MBA.

Mais ces défauts de paiements affectent aussi des Etats dynamiques comme la Californie ou la Floride, où des acheteurs ont spéculé en acquérant plusieurs maisons à crédit, dans l’espoir d’une rapide revente juteuse.

Dans ce contexte, banques et organismes prêteurs revoient leur portefeuille de produits depuis quelques semaines, supprimant les prêts les plus risqués qui offraient jusqu’ici de forts rendement côté marché, mais que les investisseurs fuient désormais.

National City a ainsi annoncé jeudi arrêter des prêts demandant peu de garanties aux emprunteurs, et Lehman Brothers en a fait autant via la refonte de plusieurs activités de prêts immobiliers en une seule entité.

 07/09/2007 06:32:18 – © 2007 AFP