Energie : Paris s’en prend à la Commission européenne

 
 
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Jean-Pierre Jouyet lors de la conférence des ambassadeurs le 29 août 2007 à Paris (Photo : Vincent Nguyen)

[04/09/2007 17:46:02] STRASBOURG (AFP) La séparation des activités de production et de distribution des grands groupes énergétiques, souhaitée par Bruxelles, nuirait à la compétitivité des opérateurs, a jugé mardi le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet.

“Nous ne sommes pas favorables à la séparation patrimoniale” au sein de ces entreprises, a rappelé le responsable français devant la presse, en marge des travaux du Parlement européen de Strasbourg.

Cela entraînerait “un affaiblissement de la compétitivité des opérateurs, qui n’apporte aucune sécurité au consommateur en terme de diminution des tarifs”, juge M. Jouyet.

La France demande à la Commission européenne de lui présenter “une stratégie d’ensemble”. “Ne voyons pas la structuration du marché de l’énergie sous le seul angle de la libéralisation. N’ayons pas là-dessus une position idéologique”, a plaidé M. Jouyet.

“Nous dénonçons le fait que certains commissaires, notamment la commissaire à la concurrence (Neelie Kroes), aient une vision qui soit dominée par les seules règles de concurrence”, attaque-t-il.

La Commission européenne doit présenter le 19 septembre des projets législatifs pour une plus grande ouverture à la concurrence du marché européen de l’énergie, qui devrait notamment préconiser une séparation patrimoniale des activités de production et de distribution des groupes énergétiques.

Or la France, juge que le même résultat peut être réalisé par la voie d’un régulateur, “qui s’assure de la distinction des activités et de l’accès au réseau de différents opérateurs”, a rappelé M. Jouyet, en vantant le système déjà en place dans son pays.

L’idée d’une clause de réciprocité, imposant les mêmes règles à des acteurs non européens comme le géant russe Gazprom, ne le convainc pas.

Car en attendant, Gazprom, qui “ne s’embarasse pas tellement de règles de concurrence”, pourra continuer à grandir, note M. Jouyet.

“Il me semble que c’est dans l’intérêt de tous les Européens que de veiller à ce qu’il y a ait un rapport de force avec Gazprom, qui soit véritablement le plus efficace possible”, selon le secrétaire d’Etat.

“Nous estimons avec d’autres pays, notamment avec nos partenaires allemands, que ce qui est important c’est que l’Europe puisse défendre ses intérêts. Ce n’est pas du protectionnisme, c’est agir intelligemment sur le plan économique”, a-t-il insisté.

“Le débat sera extrêmement difficile”, a-t-il néanmoins admis.

La France et l’Allemagne craignent que les projets de Bruxelles ne viennent affaiblir leurs champions nationaux (EDF, GDF et EON).

Les groupes énergétiques français Suez et Gaz de France (GDF) ont annoncé lundi leur mariage pour constituer un nouveau poids lourd mondial de l’énergie.

Plus tôt mardi, le PDG de Gaz de France, Jean-François Cirelli, a estimé qu’il y aura “un combat à mener” contre la Commission européenne si celle-ci veut un jour supprimer les prix réglementés du gaz fixés par l’Etat.

“Un jour, la Commission de Bruxelles va nous dire +mais peut-être qu’il faut les supprimer+ et nous aurons un combat à mener”, mais “ce combat à mener, il n’est pas fait aujourd’hui, il n’est pas discuté avec Bruxelles”, et “il y a des tarifs réglementés en France”, fixés par une loi, a-t-il affirmé.

 04/09/2007 17:46:02 – © 2007 AFP