Cartes à puce : les fabricants français en pleine restructuration

 
 
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Une personne montre une carte à puce devant l’usine de Gemalto à Saint-Cyr-en-Val, le 7 Juin 2007 (Photo : Alain Jocard)

[26/07/2007 11:23:02] PARIS (AFP) Suppressions d’emplois, fermetures d’usine, délocalisations: les fabricants français de la carte à puce, dans la tourmente l’an dernier, sont en pleine restructuration dans un contexte de guerre des prix et d’une montée en puissance des pays émergents.

Berceaux historiques de la carte à puce, la France et l’Allemagne ont vu leurs producteurs pénalisés par la forte baisse des prix –notamment des cartes SIM– estimée à environ 35% entre 2005 et 2006. Cette pression commence toutefois à s’atténuer, ont-ils fait savoir cette semaine lors de la publication de leurs chiffres d’affaires trimestriels.

En difficulté l’an dernier, Gemalto a encore vu ses ventes reculer de 10% au deuxième trimestre, plombées par la téléphonie mobile qui représente plus de la moitié de son chiffre d’affaires.

Son concurrent Oberthur a, lui, retrouvé des couleurs, affichant sur la période un chiffre d’affaires en hausse de 13,7%, soutenu notamment par la reprise de l’activité paiement, son coeur de métier.

Le secteur subit les contrecoups de la fusion entre Axalto et Gemplus, qui a donné naissance à Gemalto en juin 2006. Un an après, le leader mondial avec près de 50% de parts de marché, a annoncé la suppression “de 406 emplois et la fermeture fin 2008” du site d’Orléans.

Les deux rivaux “se sont fait une guerre des prix terrible pour conquérir des parts de marché, ils ont cassé les prix pour asseoir leur position avant la fusion”, commente Charles Copin, spécialiste des cartes à puce, assénant: “à ce jeu-là, les prix sont tombés très bas”.

Cette opération “a beaucoup perturbé le marché”, estime Jean-Paul Jainsky, PDG de Sagem Sécurité (groupe Safran) dont l’activité de cartes à puce a été réorganisée après le rachat, fin 2005, de la société allemande Orga.

L’usine de Montpellier a été fermée, fin juin, et celle d’Angoulême restructurée “pour concentrer la fabrication sur l’Allemagne”. Parallèlement, l’unité basée en Inde a été “fortement développée” pour répondre aux besoins du marché asiatique, explique M. Jainsky.

Oberthur vient d’adopter la même stratégie: il s’apprête à fermer le site de Caen et à délocaliser la production des cartes SIM à faible valeur ajoutée “hors d’Europe”, en Chine, au Brésil et en Inde. La fabrication des cartes plus complexes sera maintenue en France, à Vitré (Ille-et-Vilaine).

L’Allemand Giesecke&Devrient, n°2 du marché, a également procédé en 2006 à une réorganisation de ses activités.

L’ensemble de ces mesures intervient sur fond de basculement du marché vers les pays émergents. Principaux moteurs de la demande en téléphonie mobile, ils tirent les prix vers le bas. Et concurrencent de plus en plus sur ce créneau plutôt “bas de gamme” les Européens, qui doivent relever le défi de coûts très bas pratiqués par les fournisseurs asiatiques, notamment chinois.

De là à voir leur hégémonie contestée? M. Jainsky n’y croit pas. “L’Europe est prédominante, et c’est encore vrai pour un moment”, assure-t-il.

L’industrie des cartes à puce “attend des relais de croissance dans d’autres domaines”, relève Yvon Avenel, journaliste éditeur de la lettre “SmartCardsTrends”, citant les “applications gouvernementales” (passeports et cartes d’identité électroniques) et les cartes santé (carte Vitale 2).

Mais l’avenir du marché pourrait surtout s’éclaircir avec la généralisation de la technologie “sans contact”, pour l’instant limitée essentiellement aux transports (pass Navigo) en France mais déjà bien développée en Asie et en essor aux Etats-Unis.

 26/07/2007 11:23:02 – © 2007 AFP