Les Nissan made in England réussissent à s’exporter sur l’exigeant marché japonais

 
 
SGE.ECY42.220707114523.photo00.quicklook.default-245x179.jpg
Une Nissan Micra est assemblée à Sunderland, le 20 juillet 2007

[22/07/2007 11:45:41] SUNDERLAND (Royaume-Uni) (AFP) “C’est une consécration” : pour la première fois depuis onze ans, se félicite le vice-président de Nissan Europe, des modèles fabriqués par l’usine anglaise sont exportés vers le pays d’origine du constructeur, le Japon, aux normes réputées intransigeantes.

Le lancement au Japon de la nouvelle Micra C+C décapotable est imminent, tandis que la Qashqai, un autre modèle fabriqué à Sunderland, au nord-est de l’Angleterre, a fait ses débuts nippons il y a deux mois sous le nom de Dualis, a expliqué à l’AFP Trevor Mann depuis son bureau dans l’usine ouverte en 1986, sur le site d’un aérodrome.

Or le Japon “est le marché automobile où la demande est la plus stricte en terme de qualité”, remarque le dirigeant. Sunderland a bénéficié du fait qu’il aurait été trop cher de construire en deux endroits la Micra C+C, véhicule de niche, mais aussi de l’engouement des Japonais pour ce modèle, malgré la faiblesse actuelle du yen qui le rend onéreux à importer.

Ces exportations sont vues comme un triomphe majeur, pour la région de Sunderland et pour l’ensemble du secteur automobile britannique en proie aux difficultés.

Le succès au Royaume-Uni du constructeur japonais et de ses compatriotes, contraste en effet avec la situation des autres groupes, qui arrêtent leur production ou menacent de mettre la clef sous la porte.

Rover a fait faillite en 2005 avant d’être racheté par le chinois Nanjing Automobile Corporation (NAC) qui ne réembauchera pas plus d’un salarié sur cinq. Ford a vendu Aston Martin et s’apprête à faire de même avec Land Rover et Jaguar, qui emploient 19.000 personnes dans le pays, tandis que le français PSA a fermé définitivement en janvier son usine Peugeot.

“Les problèmes auxquels fait face le Royaume-uni ne sont pas des cas isolés” commente toutefois Peter Wells, un expert de l’industrie automobile. “Les Etats-Unis ou l’Italie sont également sous pression et de nombreux emplois y ont été supprimés”.

Aux Etats-Unis, les trois grands constructeurs Ford, Chrysler, et General Motor ont ainsi fermé des usines.

En revanche, les trois usines de constructeurs japonais en Angleterre – Nissan à Sunderland, Toyota à Burnaston et Honda à Swindon – sont considérées comme faisant partie des meilleures en Europe en termes de compétence et de qualité de produit, remarque Nick Seale, autre spécialiste de l’industrie automobile.

Il attribue leur succès “largement aux choix de localisation des trois sites”. En effet, ces villes “n’avaient pas d’histoire de construction automobile, ce qui a permis d’introduire d’emblée les méthodes japonaises”.

Le site de Nissan Sunderland est la première usine automobile du Royaume-Uni et emploie près de 4.400 personnes. Nissan y a investi 2,4 milliards de livres (3,55 milliards d’euros).

“Les Japonais ont montré que si on met l’argent sur la table, la main d’oeuvre britannique est capable d’être compétitive, (…) et de sortir des modèles de qualité à des prix raisonnables” renchérit Peter Wells.

L’expert note aussi que les compagnies japonaises emploient des salariés plus jeunes, comparativement aux groupes concurrents européens ou américains présents au Royaume-Uni.

Les spécialistes considèrent que les constructeurs japonais vont rester en Grande-Bretagne encore longtemps, ce qui ne les empêchera pas de poursuivre leur expansion en Europe de l’est.

Début juillet, Nissan a ainsi annoncé l’ouverture en 2009 de sa première usine en Russie.

 22/07/2007 11:45:41 – © 2007 AFP