Sarkozy propose Strauss-Kahn pour le FMI et fait des avances à la gauche

 
 
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Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn, en février 2006 à l’Assemblée nationale (Photo : Stéphane De Sakutin)

[08/07/2007 13:34:53] PARIS (AFP) Nicolas Sarkozy a fait samedi de nouvelles avances à la gauche, ciblant cette fois le sommet du PS: il soutient Dominique Strauss-Kahn pour diriger le FMI et propose à Jack Lang de réfléchir à la réforme des institutions, au risque de déboussoler un peu plus ce parti.

Dans un entretien au Journal de Dimanche le chef de l’Etat annonce qu’il va poursuivre “l’ouverture” et qu’il se situe dans le droit fil de ses engagements de “rupture”. Il indique également qu’il n’accordera pas de grâces collectives aux détenus à l’occasion de la fête nationale du 14 juillet, confirmant ce qu’il avait dit pendant la campagne, à savoir son hostilité à cet héritage de l’Ancien Régime, qui avait permis en 2006 environ 3.500 sorties anticipées après remises de peine.

S’il reconnaît “l’utilité pour des raisons humanitaires ou exceptionnelles d’une grâce individuelle prononcée de façon transparente”, le chef de l’Etat affirme: “mais la grâce collective pour réguler les prisons, je ne l’accepte pas”.

Concernant l’ouverture, le chef de l’Etat avait prévenu il y a quelques jours à Strasbourg: “Dans les semaines et les mois qui viennent, j’irai encore plus loin”. Après avoir placé six personnalités de gauche dans son gouvernement et commandé un rapport sur la mondialisation au socialiste Hubert Védrine, le président continue sur sa lancée: “Je veux que Dominique Strauss-Kahn soit le candidat de la France à la direction générale du FMI”, a-t-il affirmé dans une interview au Journal du Dimanche.

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Dominique Strauss-Kahn le 17 juin 2007 à Sarcelles (Photo : Olivier Laban-Mattei)

Le président ne tarit pas d’éloges sur l’ancien ministre socialiste des Finances, “le plus apte pour ce poste” pour lequel il “faut avoir une forte crédibilité, une expérience incontestable, être polyglotte”. M. Strauss-Kahn “a ces qualités. Lui et moi avons la même vision du fonctionnement du FMI”. M. Sarkozy a déjà contacté à ce sujet les dirigeants espagnol, italien, britannique et le président américain et va défendre la candidature de “DSK” lors de la réunion de l’Eurogroupe lundi à Bruxelles.

Le président a aussi proposé à l’ancien ministre socialiste de la Culture Jack Lang, “agrégé de droit public”, de “participer” à la commission chargée de faire des propositions pour réformer les institutions qui sera installée “dans les quinze jours”. D’autres personnalités de gauche sont également sollicitées: le constitutionnaliste Guy Carcassonne, proche de Michel Rocard, et Olivier Schrameck, ex-directeur de cabinet de Lionel Jospin.

M. Sarkozy se défend d’agir par calcul politique et explique qu’il ne veut “pas priver” la France de personnalités compétentes. “Je n’ai pas demandé à Dominique Strauss-Kahn de ne plus être socialiste”, dit-il. “Au nom de quoi devrais-je me priver” de la réflexion de Jack Lang, “sous le seul prétexte que cela déplaît à M. Ayrault?”, président du groupe socialiste à l’Assemblée, s’exclame-t-il.

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Jack Lang le 20 juin 2007 à New York (Photo : Stan Honda)

Les intéressés sont pour l’heure prudents: absent de Paris, M. Strauss-Kahn n’avait pas réagi samedi soir. M. Lang a affirmé à l’AFP qu’il était “honoré” par la proposition du chef de l’Etat et qu’il donnerait sa réponse “au cours des prochains jours”. “Je dois y réfléchir et en parler à un certain nombre d’amis proches”, a-t-il précisé sur RTL.

Le ton était monté cette semaine: Jean-Marc Ayrault avait interdit à Jack Lang d’accepter unilatéralement l’offre du président qui avait déjà fuité, et le député du Pas-de-Calais avait claqué la porte de son groupe. La méthode Sarkozy, qui consiste à choisir lui-même les personnalités qu’il veut associer à divers niveaux de responsabilité, est contestée par le PS: “il n’appartient pas au gouvernement ou au président de nommer des socialistes dans des commissions”, avait affirmé récemment le premier secrétaire du PS François Hollande, mettant en garde contre toute “confusion”.

“Si un Français peut diriger” le FMI, “tant mieux. Et si c’est Dominique, je sais qu’il en a tout à fait les compétences”, a affirmé samedi Bertrand Delanoë. Mais le maire de Paris a mis en garde contre les “arrières pensées” de M. Sarkozy qui veut “diriger” l’opposition. “Le président de la République ne voit des compétences que chez les socialistes, c’est un hommage qu’il nous rend”, a-t-il ironisé.

A l’approche des municipales, la confusion des lignes inquiète le PS. Des responsables de l’UMP, Jean-Claude Gaudin et Jean-Pierre Raffarin, ont évoqué samedi une possible “ouverture” des listes du parti majoritaire au centre et à la gauche à l’occasion des municipales.

 08/07/2007 13:34:53 – © 2007 AFP