Vente des billets d’avion : Air France jette le pavé dans la marre en Tunisie

Par : Tallel

Selon un communiqué d’Air France, daté du
29 juin 2007, nous apprenons ‘’qu’à partir du 1er juillet 2007, pour tout
billet émis sur les vols d’Air France, les agences de voyages seront
rémunérées en facturant à leurs clients des «frais de services»’’.

Pour justifier ces baisses successives de la commission, Air France souligne
que ‘’depuis 2002, l’industrie mondiale du transport aérien voit se
développer avec succès un modèle de facturation permettant une plus grande
transparence tarifaire’’.

Ainsi, dès le 1er juillet, cette commission versée aux agences de
voyages pour tout billet de la compagnie Air France passera de 7%
actuellement à 1 ou 0%.

Cette décision aura de lourdes conséquences sur la profession et risque
d’ouvrir la porte aux abus. Car, comment les agences de voyages vont-elles
expliquer à leur clientèle et à 72 heures de l’entrée en vigueur de cette
décision unilatérale qu’on va leur imposer des ‘’frais de service’’ ?

Selon une source proche
de la Fédération tunisienne des agences de voyages, Air France souligne
que les ordres viennent du siège de la compagnie à Paris, et le mieux pour
les agences de voyages ce serait de protester pour que le fisc baisse les
taxes. Or, tout le monde sait pertinemment que la TVA et la retenue à la
source sont toujours fixées par
décret. Et c’est ce point qui inquiète le plus les agences de voyages.

En tout état de cause, les agences de voyages sont dans un flou total pour
ne pas dire dans une situation de panique générale. Comment vont-elles vendre et à
combien les billets d’avion ? Sans consultation, sans harmonisation, on
s’inquiète des abus éventuels que cela risque d’engendrer surtout entre les
agences de voyages et leur clientèle. Comment expliquer au client qu’il va
devoir désormais payer des frais de services ?

Il semblerait que des représentants de Tunisair et d’Air France discutent
actuellement de la question, mais cette rencontre n’est qu’une formalité,
parce que la décision est déjà prise au niveau de la compagnie. Alors
pourquoi se rencontrer ?

Le pire maintenant serait de voir les autres compagnies aériennes suivre
l’exemple d’Air France, comme c’était déjà le cas en 2005 –lorsque la
compagnie aérienne française et d’autres compagnies européennes avaient
décidé de baisser le taux de la commission de 9 à 7%-, et ce même si notre
source nous a clairement signifié que les autres compagnies ne le feront pas
immédiatement. Mais qui sait.

Pourquoi ce manque de dialogue entre compagnies aériennes et agences de
voyages ? Les compagnies aériennes peuvent-elles se passer des agences de
voyages, et vice versa ?

Tout ce qu’on peut dire actuellement sur cette situation c’est que les
agences de voyages s’inquiètent pour leur survie… A raison d’ailleurs !

Par exemple, pour un billet qui coûte 400 DT, il faut y ajouter 50 dinars de
taxes aéroportuaires, d’assurances, de carburants et divers. Donc,
actuellement, sur les 400 dinars, il y a la Retenue à la source qui est de
15% de la commission ; il y a la TVA qui est de 18% de la valeur du
billet HT (18%x24DT).

A partir du 1er juillet, si la commission passe à 1%, voici l’équation :

400DT HT ; 50 DT (taxes) ; environ 50 DT de frais de services ; RS 15% de la
commission + 15% de frais de services ;
TVA 18% du 6% frais de services.

Résultat : un billet qui était vendu à 450 DT, à partir du 1er juillet
prochain il coûtera 521,420 DT.

Voilà qui sème le trouble dans l’esprit des agences de voyages ; certains
vont forcément vendre à perte, d’autres vont majorer les prix. Que faire
alors ?

Toutes ces questions et bien d’autres méritent des réponses claires, mais
dans l’état actuel des choses, nous ne sommes pas en mesure d’en donner
davantage. Et contrairement à ce que dit le titre du communiqué de la
compagnie, à savoir ‘’1er juillet : plus de transparence à l’achat de votre
prochain billet d’avion’’, on a du mal à percevoir là-dedans la
transparence, sauf si les compagnies aériennes ont une autre définition de
la notion de transparence.