Les cessions de titres de l’Etat reprennent, pour alléger la dette

 
 
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Photo prise en février 2005 à Paris du ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie (Photo : Bertrand Guay)

[25/06/2007 15:11:55] PARIS (AFP) Avec la cession de 5% du capital de France Télécom, le nouveau gouvernement reprend la vente des participations de l’Etat dans des groupes cotés, afin de freiner l’accroissement de la dette qui menace de s’accélérer en raison des fortes réductions d’impôts.

Après une parenthèse de quelques mois, sans doute liée aux élections, pendant laquelle l’Etat n’avait vendu aucun paquet de titres, la ministre de l’Economie et des Finances Christine Lagarde a annoncé dimanche la cession de 5% à 7% du capital de France Télécom, actuellement détenu à 32,41% par l’Etat.

Concrètement, entre 130 et 180 millions d’actions, selon la demande, vont être cédées à des investisseurs institutionnels à un prix qui devrait être compris entre 20,40 et 20,70 euros, selon des sources de marché.

Si l’on retient le milieu de cette fourchette, la vente devrait apporter entre 2,7 et 3,7 milliards d’euros aux caisses de l’Etat.

Qualifiée de “vente des bijoux de famille” pour contribuer “au financement des cadeaux qui vont être fait au patronat” par des syndicats de France Telecom, cette cession ne doit pas, en théorie, servir à financer directement les diverses baisses d’impôts programmées par le gouvernement — d’un coût de 11 à 15 milliards d’euros, selon les estimations –, mais à réduire la dette.

Reprenant une règle que s’était fixée le précédent gouvernement, Christine Lagarde a ainsi souligné dimanche que le produit de la vente des titres France Télécom serait “intégralement affecté au désendettement de l’Etat et des administrations publiques”.

Mais il y a bien une relation de cause à effet, explique l’économiste Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès. “Les mesures qui ont été prises récemment vont avoir pour effet d’augmenter la dette en creusant le déficit, il faut donc trouver d’autres moyens de réduire la dette”, souligne-t-il.

D’autant que la France a récemment été rappelée à l’ordre par ses partenaires européens, qui craignent un dérapage des finances publiques. D’un montant de 1.142 milliards d’euros à la fin 2006, soit 63,7% du produit intérieur brut, la dette française outrepasse déjà la limite de 60% inscrite dans le Pacte de stabilité et de croissance européen.

Le gouvernement, qui s’est engagé à revenir dans les clous en 2012 au plus tard, ne devrait donc pas en rester là, estime Nicolas Bouzou. Fort d’un portefeuille d’actions évalué à quelque 192 milliards d’euros et de moult actifs immobiliers, “l’Etat a encore des marges de manoeuvre”, observe-t-il.

En 2006, le gouvernement avait réalisé plus de 16 milliards d’euros de cessions d’actifs en 2006 — un record — avec notamment la vente d’actions Alstom, Aéroports de Paris et de différentes sociétés d’autoroutes, affectés à 95% au désendettement.

Si Bercy se refuse à tout commentaire sur de nouvelles opérations, le gouvernement pourrait mettre à profit le boom des marchés boursiers.

De nombreux experts parient en particulier sur une mise en vente d’une tranche du capital d’EDF, encore détenu à 87% par l’Etat alors que la loi l’autorise à descendre jusqu’à 70% du capital.

Pour les analystes d’UBS, le gouvernement “devrait effectuer un placement de 7 à 8% du capital (d’EDF) en septembre”, ce qui lui rapporterait une dizaine de milliards d’euros, au vu de la capitalisation actuelle du groupe.

Interrogée sur cette hypothèse par le Journal du Dimanche, Christine Lagarde ne l’a pas entièrement écartée, déclarant juste que la participation de l’Etat dans EDF n’avait “pas vocation à diminuer significativement”.

 25/06/2007 15:11:55 – © 2007 AFP