La part d’EADS dans Dassault, nouveau sujet de dissension franco-allemand

 
 
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Le co-président français du groupe EADS Louis Gallois, le 19 juin 2007 au salon du Bourget (Photo : Pierre Verdy)

[22/06/2007 14:43:37] PARIS (AFP) De nouvelles tensions sont apparues vendredi entre Français et Allemands au sein d’EADS, cette fois autour du sort de la part de 46,3% détenue par le groupe européen dans l’avionneur français Dassault Aviation.

En l’espace de quelques heures, le co-président exécutif allemand Tom Enders a déclaré dans la presse qu’EADS réfléchissait à cette opération qui pourrait rapporter 3,7 milliards d’euros au groupe, avant que son homologue français Louis Gallois ne démente dans un entretien à l’AFP.

“EADS n’étudie pas la vente de sa participation dans Dassault. Et même si le conseil d’administration l’étudiait ce qui n’est pas le cas, les cessions de cette taille sont soumises à l’accord de l’actionnaire étatique français, elles font partie des domaines où l’Etat français exprime son point de vue”, a-t-il souligné vendredi.

Dans la foulée, EADS a publié un communiqué reprenant cette position, adossée par “Tom Enders et Louis Gallois”.

Un rétro-pédalage à valeur de désaveu pour le co-dirigeant allemand, qui évoquait vendredi matin dans le Financial Times des discussions internes sur ce sujet.

“Les discussions viennent de commencer” pour savoir “quelles perspectives nous voyons” pour cette part dans Dassault, a déclaré M. Enders, cité par le quotidien britannique. Selon le FT, cette éventualité s’inscrit dans une réflexion sur l’avenir du secteur de l’aviation militaire.

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Le co-président exécutif allemand d’EADS Tom Enders, le 19 juin 2007 au Bourget (Photo : Pierre Verdy)

Interrogé sur l’authenticité des propos attribués à son co-président, M. Gallois a seulement déclaré: “Je n’étais pas là, en tout cas, il ne le dit plus puisque nous démentons”.

La question est doublement délicate, sur le plan stratégique et financier.

Dassault Aviation détenu à 51% par le groupe familial Marcel Dassault est le fournisseur attitré des avions de combats de l’armée française. Les 46% détenus par EADS lui viennent des parts que détenait l’Etat via le groupe public Aerospatiale, privatisé puis apporté au groupe européen lors de sa création en 2000.

EADS est aussi l’actionnaire principal de l’Eurofighter, avion de combat européen conçu par les rivaux de Dassault avant la constitution du groupe.

Sur le plan financier, actionnaires français et allemands sont en désaccord sur les moyens de trouver des ressources nouvelles.

EADS, plombé par les pertes d’Airbus, est engagé dans un plan de restructuration drastique pour compenser le manque à gagner total, évalué à 6,3 milliards d’euros d’ici 2010, des retards de l’A380.

Il doit en outre financer le programme de long courrier A350 qui représente plus de 10 milliards d’euros.

Les actionnaires principaux n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour l’instant sur une éventuelle augmentation de capital. L’Etat français, actionnaire à 15%, y est prêt, mais cette solution est écartée par les actionnaires privés, Lagardère (15% dont 7,5% en court de vente) et Daimler (22,5% dont 7,5% en association avec des investisseurs financiers allemands).

La solution “d’avances remboursables”, toujours en suspens est une source de conflit avec les Etats-Unis devant l’OMC. En dehors de crédits sur les marchés financiers, privilégiés par les actionnaires privés, la cession d’actifs pourrait être un piste.

Chez Dassault l’éventualité est accueillie avec sérénité. Charles Edelstenne, président de Dassault Aviation, déclarait la semaine passée que le sort de la participation d’EADS “ne créé pas de souci à Dassault Aviation, car l’entreprise est bien contrôlée, à 51% par la famille Dassault”. De source proche du groupe, on n’exclut pas même “d’être intéressé” par un rachat éventuel de ces actions “si les conditions proposées sont favorables”.

 22/06/2007 14:43:37 – © 2007 AFP