EADS intensifie son opération séduction pour vendre son ravitailleur aux USA

 
 
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Le logo d’EADS (Photo : Frederick Florin)

[19/06/2007 19:10:14] LE BOURGET (AFP) L’européen EADS a profité mardi de la vitrine du Bourget pour faire assaut de charme vers les Etats-Unis, où il espère décrocher un méga-contrat d’avion ravitailleur pour s’inviter sur le premier marché militaire mondial et réduire sa dépendance à Airbus.

Installés sous l’aile d’un exemplaire du ravitailleur KC-30B vendu par EADS à l’Australie, le co-président exécutif d’EADS Thomas Enders et son partenaire américain Northrop Grumman ont vanté d’un seule voix les mérites de leur offre commune à l’US Air Force, en concurrence avec celle du géant américain Boeing.

“Notre partenariat bénéficie d’une coopération qui dépasse les frontières nationales”, a déclaré M. Enders.

“La défense est une industrie globale pour le bénéfice de tous, et notamment des contribuables américains. Grâce à notre collaboration transatlantique, nous proposons à l’armée de l’air américaine le meilleur avion, le plus économique sur le long terme”, a renchéri Ron Sugar, PDG de Northrop.

Northrop et EADS ont répondu ensemble à l’appel d’offres américain pour 179 ravitailleurs, d’un montant évalué entre 30 et 40 milliards de dollars. Face à une version dérivée du 767 de Boeing, ils proposent des Airbus A330 fabriqués en France puis transformés en avions ravitailleurs dans une usine américaine, et appelés KC-30.

Alors qu’une première tranche du contrat devrait être attribuée d’ici la fin de l’année, l’enjeu pour EADS est désormais de désamorcer le réflexe de “préférence nationale” du Pentagone, tout en donnant des gages que le produit final sera bel et bien “made in America”.

“Nous cherchons à introduire nos produits sur le marché américain, avec des partenaires américains. Mais nous voulons aussi prendre des engagements en terme d’implantation industrielle locale”, a dit M. Enders.

Le groupe européen a déjà choisi la ville de Mobile (Alabama) pour installer les chaînes sur lesquelles seront transformés les Airbus A330.

“Plus de la moitié du travail effectué sur cet avion sera américain”, a insisté M. Sugar, alors que le premier ravitailleur KC-30 entre dans sa dernière phase d’assemblage cette semaine.

L’enjeu d’un tel contrat est double pour EADS. En premier lieu, il s’agit de mettre un pied sur le juteux marché américain de la défense, particulièrement à l’heure où les budgets militaires européens ont tendance à stagner.

“Un quart des revenus d’EADS provenaient d’Amérique du Nord en 2006, soit autant que les revenus générés par les marchés français, allemand et espagnol réunis”, a souligné mardi M. Enders.

“Nous ferons des acquisitions aux Etats-Unis. Cela correspond à notre schéma de développement”, a-t-il par ailleurs assuré.

Il s’agit en outre pour la maison mère d’Airbus de diversifier ses sources de revenus tirés des activités de défense, et de diminuer ainsi sa dépendance à l’avionneur, qui représente 60% de son chiffre d’affaires.

Les pertes d’Airbus en 2006 ont été contrebalancées de justesse par les autres activités d’EADS.

Le groupe européen compte pour l’heure une victoire, mais aussi une défaite dans sa tentative de percée sur le marché militaire aux Etats-Unis.

L’armée de terre américaine a attribué en 2006 à sa filiale Eurocopter un contrat d’une valeur estimée à deux milliards de dollars, pour 322 hélicoptères.

Le Pentagone a en revanche tranché début juin en faveur du tandem Boeing/Finmeccanica pour son futur avion cargo polyvalent (JCA) moyen, aux dépens de l’offre conjointe d’EADS et de l’Américain Raytheon.

 19/06/2007 19:10:14 – © 2007 AFP