Etats-Unis : les créations d’emplois au plus bas en deux ans et demi

 
 
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Un élève d’un institut culinaire à New York le 1er février 2007 (Photo : Chris Hondros)

[04/05/2007 15:52:49] WASHINGTON (AFP) Le ralentissement économique commence à faire vaciller le marché du travail aux Etats-Unis, avec en avril des créations d’emploi au plus bas en plus de deux ans.

L’économie américaine a créé 88.000 emplois seulement en avril après 177.000 en mars, tandis que le taux de chômage augmentait à 4,5% de la population active contre 4,4% le mois précédent.

C’est le niveau d’embauches le plus faible depuis novembre 2004, et une déception pour les analystes qui tablaient sur 100.000 créations d’emplois. En revanche, le taux de chômage est conforme à leurs attentes.

Les analystes ont pris ce rapport avec fatalité.

“La résistance du marché de l’emploi face à la faiblesse de la croissance était l’un des grands mystères de cette économie. Les chiffres publiés aujourd’hui laissent penser que le marché du travail commence à s’affaiblir” lui aussi, estime Nigel Gault du cabinet Global Insight.

L’économie américaine tourne en sous-régime depuis quatre trimestres, avec un tout petit 1,3% (au rythme annuel) au premier trimestre 2007.

La cause principale est le ralentissement de l’immobilier, qui jusqu’à présent n’a pas réussi à affecter la consommation. Les analystes expliquaient cette résistance par la santé du marché du travail, qui permet une croissance des salaires et soutient la consommation.

“Le rapport sur l’emploi est décevant non seulement pour le niveau des embauches, mais aussi pour les secteurs ayant fait preuve de faiblesse”, estime Drew Matus de Lehman Brothers.

Sans surprise, le marché du travail a souffert en avril des difficultés persistantes de l’industrie (-19.000 emplois), plombée par le secteur automobile notamment, et du bâtiment (-11.000).

Mais d’importants licenciements ont aussi été enregistrés dans le commerce de détail (-26.000), “ce qui suggère peut-être que les consommateurs américains battent un peu en retraite, et pourrait avoir des conséquences pour la croissance future”, avertit M. Matus.

La consommation assure près des trois quarts de la croissance américaine.

Les analystes parient de plus en plus sur une économie déprimée jusqu’à la fin de l’année. “L’économie va tourner en sous régime, à 2,1% pour l’ensemble de 2007”, prédit M. Gault.

Ce rapport devrait attirer l’attention de la banque centrale qui se réunit mercredi pour réexaminer le niveau de son principal taux directeur, actuellement fixé à 5,25%.

Si elle craint un affaiblissement de la croissance, cela pourrait rapprocher les perspectives d’une baisse des taux en cours d’année. D’autant que du côté de l’inflation, le rapport note une petite amélioration.

“Jusqu’à un certain point, l’affaiblissement du marché du travail est une bonne nouvelle pour la Fed car cela pourrait au bout du compte aboutir à infléchir la hausse des salaires”, estiment les analystes de RBC Financial group.

Le salaire horaire moyen a progressé de 0,2% seulement en avril par rapport à mars, et sur un an la hausse est aussi en passe de se modérer: +3,7%, après un pic de +4,3% en décembre dernier.

Les analystes doutent toutefois que cela suffise à décider la banque centrale à bouger rapidement.

“Il lui faudra d’autres preuves pour agir. La Fed voudra constater plusieurs mois d’affaiblissement du marché de l’emploi et de l’inflation” avant de décider à baisser ses taux , estime Nigel Gault.

Pour la semaine prochaine, les marchés parient sur un statu quo des taux et du message accompagnant la décision.

“La Fed va répéter que son inquiétude prédominante est l’inflation”, affirme Stephen Gallagher de la Société Générale à New York.

 04/05/2007 15:52:49 – © 2007 AFP