Les actionnaires d’ABN Amro bousculent la direction lors d’une AG houleuse

 
 
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La façade du siège d’ABN Amro à Amsterdam (Photo : Rick Nederstigt)

[26/04/2007 20:10:10] LA HAYE (AFP) Les actionnaires d’ABN Amro, au coeur d’une bataille bancaire sans précédent opposant Barclays à un consortium européen pour le contrôle du groupe, ont mis sous pression la direction de la banque néerlandaise jeudi au cours d’une assemblée générale houleuse.

Les quelque 1.300 actionnaires venus en masse ont ainsi voté contre les instruction du conseil d’administration en adoptant une motion du fonds spéculatif TCI, réclamant qu’ABN “recherche activement toutes les possibilités de vente, démantèlement ou fusion de ses activités principales, voire du groupe entier afin de créer un maximum de valeur pour les actionnaires”.

Lundi, la banque britannique Barclays avait annoncé être parvenue à un accord portant sur le rachat d’ABN Amro par échange d’actions valorisant le groupe à 67 milliards d’euros, soit 36,25 euros par action.

Mercredi, le britannique Royal Bank of Scotland, l’espagnol Banco Santander et le belgo-néerlandais Fortis, réunis en consortium, ont proposé de le racheter pour 72 milliards d’euros, soit 39 euros par action.

Mais la fronde a aussi été menée par l’association de porteurs d’actions néerlandaise VEB, qui réclame que la vente de la filiale américaine LaSalle d’ABN pour 21 milliards de dollars à Bank of America soit soumise au vote des actionnaires, ce que refuse la banque, arguant qu’il ne s’agit pas d’une “transaction majeure”.

“Je vous informe, M. Martinez, que je vous poursuivrai en justice”, a alors déclaré Peter Paul de Vries, président du VEB, soutenu dans sa proposition par TCI.

“Mais allez-y”, a fini par lui répondre, d’un air excédé, le président d’ABN Amro.

Le PDG de la banque Rijkman Groenink a tenu jeudi un plaidoyer enthousiaste en faveur de la “fusion” avec Barclays, mais il a refusé de mentionner l’offre concurrente du consortium, au motif qu’elle n’avait pas encore été formellement déposée.

“Barclays est le partenaire idéal, question culture, composition et complémentarité. C’est vrai, cette transaction fera perdre à ABN Amro son indépendance, mais à Barclays aussi, car nous sommes presque aussi grands”, a-t-il déclaré.

Il a ensuite été interpellé sur la suppression de 12.800 emplois et l’externalisation 10.800 autres (sur un total de 230.000) prévues dans l’offre Barclays. Selon la direction, les externalisations se feront surtout vers l’Inde, quant aux emplois supprimés, elle n’a pu dire quels pays seraient touchés, assurant que cela concernait également les employés de Barclays.

Les syndicats rejettent aussi les vélléités de dépeçage de la banque demandé par TCI, mais qui motive également, selon les analystes, l’offre du consortium : ils craignent en effet que les pertes d’emplois qui s’en suivraient seraient encore plus importantes encore.

Le conseil d’administration devra d’ailleurs informer au plus tard dans six mois l’AG des actions entreprises pour répondre au démantèlement réclamé, selon une autre motion de TCI adoptée jeudi.

TCI avait réclamé en février “un démantèlement, une scission, une vente ou une fusion (des) différentes activités” d’ABN Amro, voire une cession du groupe “dans son ensemble”.

Le fonds estime que les actionnaires sont lésés par la stagnation de l’action ABN depuis l’arrivée de la direction en mai 2000, alors que le cours de Bourse des rivales européennes de la banque a augmenté en moyenne de 44% sur la période.

L’offre du consortium, à 70% en numéraire, a la préférence de TCI, qui réclame aussi la levée d’une vente séparée de LaSalle et d’ABN Amro, conséquence de l’accord de rachat signé avec Barclays.

Jeudi, le consortium a révélé qu’ABN Amro avait mis des bâtons dans ses roues en conditionnant l’examen de ses comptes, obtenu mercredi, à l’obligation pour le consortium d’attendre son autorisation écrite s’il souhaite la racheter dans les douze mois.

 26/04/2007 20:10:10 – © 2007 AFP