Pour les instituts, les “mobile only” n’ont que peu d’impact sur les sondages

 
 
SGE.OPJ54.130407131418.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Un homme téléphone avec son portable devant des affiches électorales, le 10 avril 2007 à Montpellier (Photo : Pascal Guyot)

[13/04/2007 13:15:03] PARIS (AFP) Critiqués sur la non prise en compte supposée des quelque 22% de personnes équipées uniquement de téléphone portable, les instituts de sondage répondent qu’ils les intègrent dans leurs enquêtes et que ces “mobile only” ont un impact des plus limités sur la couleur politique des échantillons.

Régulièrement, les sondages sont attaqués, leurs détracteurs estimant que lorsqu’ils sont réalisées par téléphone, ils ne seraient représentatifs que des personnes ayant une ligne fixe. En conséquence, la non prise en compte des “mobile only” fausserait beaucoup les résultats.

Doyen des instituts français, l’IFOP répond qu’il intégre dans certaines études une part de “mobile only”, notamment pour les intentions de vote, même si ça coûte plus cher.

“On nous dit: +vous n’arrivez à joindre personne, parce que vous n’utilisez pas les mobile only+. C’est faux et refaux, on les utilise, on crée des numéros aléatoires, on génère des numéros de portable aléatoires à partir des préfixes téléphoniques définis par l’ARCEP, ce qui nous permet de toucher des gens qu’on ne pourrait pas traditionnellement avoir avec des fichiers électroniques de téléphone fixe”, affirme Frédéric Dabi.

L’IFOP vient de publier une enquête sur les profils de ces “mobile only”, montrant qu’ils n’influent que très peu sur les intentions de vote, même s’ils sont plus précarisés, un peu plus au chômage et surtout moins souvent inscrits sur les listes électorales.

Plus de 3.000 détenteurs de portables ont été interrogés et 800 “mobile only”.

Le poids des personnes âgées y est dérisoire (1% contre 21,5% en moyenne dans la population française âgée de 18 ans et plus). A l’inverse, les 18/24 ans et surtout les 25/34 ans sont très sur-représentés parmi les “mobile only”. Il en va de même pour les catégories populaires et les hommes.

Seuls 64% des “mobile only” seraient inscrits sur les listes électorales contre 93% des détenteurs de lignes fixes. Ils sont moins certains d’aller voter et se reconnaissent moins dans un parti politique.

Ils se disent en revanche nettement plus proches de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite, la droite modérée étant sous-représentée, ce qui s’explique par la sur-représentation des milieux populaires et la quasi-absence des personnes âgées.

Le poids des “mobile only” inscrits dans le corps électoral est au total de 16,3%.

“Cette proportion, associée aux écarts de positionnement politique, n’est pas néanmoins en mesure de modifier sensiblement l’orientation politique d’un échantillon”, souligne Jérôme Fourquet (IFOP).

Les résultats obtenus dans une enquête téléphonique classique auprès de 1.000 personnes inscrites sur les listes électorales sont proches de ceux obtenus en interrogeant 163 “mobile only” et 837 personnes “non mobile only” tous inscrits, la structure socio-démographique de l’échantillon restant identique.

“Les jeunes et hommes issus de milieux populaires interrogés sur portable, qui donnent aux “mobile only” une orientation pour les extrêmes plus marquée, sont compensés par le fait que nous en interrogions moins sur ligne fixe”, explique M. Fourquet. Le sous-échantillon de 837 personnes “non mobile only” “penchera lui davantage à droite”, “et au total l’effet +mobile only+ joue un peu, mais n’est pas aussi important que certains aimeraient le croire”.

Federico Vacas (IPSOS) va dans le même sens: “on suit les mobile only avec les enquêtes en face-à-face et le fait de ne pas les intégrer dans les échantillons ne modifie pas significativement aujourd’hui les intentions de vote”.

 13/04/2007 13:15:03 – © 2007 AFP