Présidentielle : 2 ans après le “non” au référendum, la mondialisation escamotée dans la campagne

 
 
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Des manifestants défilent dans les rues de Charleville-Mézières, le 3 novembre 2006, pour protester contre les fermetures successives d’entreprises dans les Ardennes, dont Thomé Génot (Photo : Alain Julien)

[13/04/2007 12:29:14] PARIS (AFP) La mondialisation économique, au coeur du référendum sur la Constitution européenne de 2005, est négligée dans la campagne électorale présidentielle, bien que son impact sur l’emploi et les salaires inquiète toujours les Français, relèvent experts et syndicalistes.

“La question de la mondialisation est sous-entendue, mais pas prise à bras le corps”, regrette Dominique Gillier, de la CFDT Métallurgie. “S’il y a un conflit, des licenciements, les candidats viennent sur place, parlent, s’en vont, et c’est fini”, souligne-t-il.

Thomé-Genot, Aubade, Arena… La campagne présidentielle a été ponctuée de licenciements, fermetures d’usine ou délocalisations, nourrissant un sentiment d’abandon des politiques face à la concurrence des pays à bas coûts et à la montée de la finance dans la gestion des entreprises.

D’autant que les emplois non qualifiés ne sont plus seuls touchés, comme le montre le cas d’Alcatel-Lucent.

Pour 64% des Français, la mondialisation est une menace pour l’emploi et les entreprises, selon un Eurobaromètre publié fin 2006. Ce sentiment de défiance, plus fort que partout ailleurs en Europe, a contribué à la victoire du “non” au référendum en 2005.

“Les Français attendent une réponse aux problèmes du capitalisme redevenu fou, et je ne vois pas cette question émerger vraiment dans la campagne”, se désolait récemment dans L’Humanité l’historien Emmanuel Todd, favorable à un “protectionnisme européen raisonnable”.

Des syndicalistes interrogés par l’AFP plaident aussi pour de nouvelles règles du jeu. “Nous ne sommes pas favorables à une politique globale de fermeture des frontières, mais il faut de nouvelles régulations, nationales, européennes et mondiales”, explique M. Gillier.

Le cédétiste penche pour “des taxes ciblées sur les produits non respectueux des normes environnementales et une réévaluation du prix des transports prenant en compte le coût des infrastructures”.

A la CGT, l’économiste Nasser Mansouri défend une “intervention des travailleurs dans les choix stratégiques des entreprises”. Déplorant un débat “insuffisant” sur la mondialisation malgré un regain d’intérêt pour la politique industrielle, il appelle à une “coordination européenne des politiques économiques, industrielles et de recherche”.

Or, selon le numéro un de FO Jean-Claude Mailly, “il faudrait du débat au moins sur l’économie et l’Europe pour qu’il y ait une cohérence des réponses en termes de pouvoir d’achat, d’emploi, de protection sociale”. Deux thèmes qu’il ne voit “pas beaucoup dans la campagne”.

L’économiste Eric Heyer (OFCE) explique cette absence par “l’impuissance” ressentie chez les candidats, car “les grandes politiques macro-économiques sont aux mains de l’Europe”, impuissance aggravée par le “non” qui a “réduit la marge de manoeuvre française” dans le concert européen.

Tout juste note-t-il des critiques à l’encontre de la politique d’euro fort de la BCE, les jugeant “un peu vaines”.

Remarquant que “la mondialisation apporte aussi des emplois en France”, M. Heyer réfute la nécessité d’augmenter la durée du travail et de baisser son coût, et suggère “une sortie vers le haut, avec plus d’investissements dans la recherche et la formation”.

Une tâche à laquelle l’élu(e) du 6 mai devra s’atteler, notamment pour satisfaire les salariés non qualifiés qui voient leur part, principalement en Europe, diminuer dans le gâteau de la mondialisation, selon un récent rapport du FMI.

 13/04/2007 12:29:14 – © 2007 AFP