La plus belle perle de Ioukos vendue à prix d’ami à son rival Rosneft

 
 
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Des journalistes regardent sur un moniteur des enchères de lots de Ioukos, le 27 mars 2007 à Moscou (Photo : Maxim Marmur)

[27/03/2007 12:44:56] MOSCOU (AFP) Ioukos, l’ex-empire pétrolier de Mikhaïl Khodorkovski, a franchi mardi une nouvelle étape vers le démantèlement en cédant à prix d’ami la plus belle de ses toutes dernières perles à son rival, le groupe public Rosneft.

Celui-ci a ainsi empoché au cours d’enchères rondement menées la part de 9,44% de son propre capital qui était détenue par Ioukos, pour un prix à peine supérieur au prix de départ fixé par l’organisateur, le Fonds russe des Biens d’Etat.

Ce premier lot, qui comprenait également 12 titres obligataires de la société d’hydrocarbures russe Iougansneftegaz, a été emporté par Rosneft pour 197,84 milliards de roubles (7,6 milliards de dollars) après à peine quelques minutes de surenchères de son concurrent, le groupe russo-britannique TNK-BP.

Selon Dimitri Chevchenko, analyste de la banque MDM à Moscou, ce prix est 7% inférieur à la valeur du marché.

Cette acquisition confirme la stratégie de reprise en main par l’Etat russe d’une série d’actifs énergétiques, à commencer par ceux de Ioukos. Rosneft, qui est détenu à 75% par l’Etat, avait déjà acquis fin 2004 la principale filiale de production de Ioukos, Iouganskneftegaz au terme d’une procédure judiciaire controversée.

La séance de mardi s’est déroulée au siège du groupe déchu, au centre de Moscou, et était retransmise par écran interposé à quelques dizaines de journalistes massés dans une salle dans les étages.

Le spectacle était plutôt sobre: les représentants des deux groupes, assis par deux devant de petites tables, faisaient face aux organisateurs, et brandissaient leur numéro pour indiquer qu’ils voulaient renchérir.

Les analystes avaient averti que le suspense risquait d’être limité en l’absence de véritable concurrent pour Rosneft.

TNK-BP, qui est détenu pour moitié par la major britannique BP et pour moitié par le consortium russe Alfa, avait attendu le tout dernier moment, vendredi, pour dévoiler son intention de participer aux enchères, renforçant l’impression qu’il rendait service à Rosneft en permettant de valider la procédure.

Le groupe pétrolier britannique BP est un allié de Rosneft, dont il a acquis des titres pour un milliard de dollars au moment de son entrée en Bourse de ce dernier en 2006, et avec lequel il a des projets communs en Sibérie. Le patron du groupe britannique John Browne a rencontré vendredi le président Vladimir Poutine.

Le produit des ventes aux enchères des actifs de Ioukos doit servir à éponger les dettes du groupe, évaluées à 709 milliards de roubles (20,7 milliards d’euros) répartis entre 68 créanciers. Le plus important d’entre eux est le fisc russe, qui lui réclame plus de 16 milliards de dollars, suivi par Rosneft, avec 10 milliards de dollars.

Le liquidateur judiciaire de Ioukos s’est dit “satisfait des résultats des enchères. La somme acquise pour le lot est tout à fait convenable (…) pour aider à rembourser les créanciers” de Ioukos, selon son porte-parole Nikolaï Lachkevitch.

Le prochain lot, qui sera mis en vente le 4 avril, comprendra le deuxième plus gros actif de Ioukos, une part de 20% dans Gazprom Neft, la filiale pétrolière du géant public russe Gazprom. Ce dernier apparaît comme le candidat le plus sérieux, mais selon la presse russe, le producteur de gaz Novatek serait également sur les rangs.

L’essentiel des actifs encore entre les mains de Ioukos aura été vendu d’ici à août 2007.

Ioukos a été placé en liquidation judiciaire en août 2006 à la suite d’un procès retentissant pour fraude fiscale et escroquerie, considéré comme inspiré par le Kremlin face aux ambitions politiques affichées par son PDG Mikhaïl Khodorkovski, aujourd’hui en prison.

 27/03/2007 12:44:56 – © 2007 AFP