Augmentation de capital de EADS : Berlin pour l’équilibre franco-allemand

 
 
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La chancelière allemande Angela Merkel, le 28 février 2007 à Berlin (Photo : John MacDougall)

[07/03/2007 15:39:39] BERLIN (AFP) Le gouvernement allemand a appelé mercredi au maintien de l’équilibre franco-allemand au sein du groupe aéronautique et de défense européen EADS, dans le cas où l’entreprise procéderait à une augmentation de capital, suite aux difficultés financières de sa filiale Airbus.

Le porte-parole adjoint du gouvernement allemand, Thomas Steg, a assuré lors d’une conférence de presse régulière qu’il “n’y a pas encore de décision définitive” à propos d’une éventuelle augmentation de capital. Il a souligné qu’une telle opération ne pouvait être que la conséquence d’une “décision qui revient finalement aux actionnaires” au sein de l’entreprise, Français comme Allemands.

“A la connaissance du gouvernement allemand, aucune décision définitive n’a encore été arrêtée sur la manière de procéder”, a-t-il dit.

Le capital d’EADS, entreprise cotée en bourse, est, à travers un pacte d’actionnaires, partagé entre actionnaires français et allemands, publics et privés, avec d’un côté Lagardère (15%, dont 7,5% en cours de cession) et l’Etat français (15%), de l’autre DaimlerChrysler (15%) et un consortium allemand d’investisseurs (7,5%), dont l’Etat fédéral allemand et les Etats régionaux où sont implantés les sites allemands d’Airbus. Le reste de l’actionnariat est flottant.

Dans son rôle d’actionnaire public, le Premier ministre français, Dominique de Villepin, vient de déclarer que la France était “prête” à une augmentation de capital de la maison-mère EADS, un projet qui bute jusqu’ici sur l’opposition de DaimlerChrysler.

M. Steg a indiqué que l’Allemagne ne “pouvait pas exclure” une augmentation de capital “à moyen terme”, mais fait valoir que “tout changement dans le pacte d’actionnaires nécessite l’accord de tous les partenaires”. “Il y a des règles à respecter”, a-t-il déclaré.

Le président d’Airbus et co-président d’EADS, le Français Louis Gallois, avait déclaré un peu plus tôt à la radio française RTL qu’il n’y avait “pas d’urgence pour une augmentation de capital” d’EADS, tout en reconnaissant que le groupe d’aéronautique et de défense européenne “aura besoin de financement externe dans l’avenir”.

Par ailleurs, selon M. Steg, Berlin appelle à “appliquer” le plan d’économies annoncé pour Airbus, qui est très critiqué en France et en Allemagne. D’après le porte-parole, ce plan “donne à Airbus une chance d’être une entreprise concurrentielle à l’avenir”.

Des milliers de salariés de l’entreprise sont descendus dans les rues mardi en France, où 4.300 emplois doivent être supprimés, 3.700 devant l’être en Allemagne.

Airbus, source récurrente de tensions franco-allemandes, est désormais devenu un enjeu de la campagne pour le scrutin présidentiel d’avril-mai en France, ce qui ne manque pas d’inquiéter les Allemands. Ainsi, le ministre allemand de l’Economie, Michael Glos, avait critiqué mardi des propos de dirigeants français, leur reprochant “des tonalités de campagne électorale”.

Nicolas Sarkozy, candidat du parti au pouvoir UMP, estime qu’il faut “un véritable actionnaire qui soit le patron” pour piloter Airbus. Selon lui, le 5 mars sur la chaîne de télévision publique française France-3, il est nécessaire de “renégocier le pacte d’actionnaires”, de “trouver un partenaire financier privé qui remette de l’argent”, de “trouver un opérateur industriel” pour diriger l’entreprise et que l’Etat “accompagne l’augmentation du capital”.

Pour sa part, la candidate socialiste, Ségolène Royal, s’était la première prononcée pour une recapitalisation d’EADS, tout en soulignant que l’argent frais ainsi insufflé devait “avant tout servir à la recherche et à l’innovation”. De même, avec les huit présidents socialistes de Régions où sont implantés des sites d’Airbus, elle s’est prononcée pour l’entrée au capital de ces régions.

 07/03/2007 15:39:39 – © 2007 AFP