L’UFC-Que Choisir demande à nouveau une taxe sur les profits des groupes pétroliers

 
 
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Vue d’une cuve et d’une cheminée de la raffinerie Total de Grandpuits, le 20 mai 2005 (Photo : Joël Saget)

[13/02/2007 15:52:41] PARIS (AFP) L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a demandé à nouveau mardi l’instauration d’une taxe “d’un milliard d’euros par an pendant cinq ans” sur les profits des groupes pétroliers, à la veille de l’annonce des résultats de Total qui devraient encore battre des records.

Total doit annoncer mercredi ses résultats pour l’année 2006 qui devraient faire apparaître un bénéfice net de plus de 12 milliards d’euros, au-dessus du record de 2005.

La taxe exceptionnelle, réclamée par l’UFC depuis décembre 2005, “contribuerait au financement d’un plan Marshall pétrole”, pour “aider les consommateurs à diminuer leur dépendance au pétrole”, explique l’UFC.

Il s’agirait d’investir de 10 à 25 milliards d’euros sur 10 ans dans le transport collectif de proximité, les moteurs économes, le fret ferroviaire et les énergies alternatives.

La candidate socialiste Ségolène Royal a fait une proposition similaire dimanche à Villepinte en souhaitant “un prélèvement exceptionnel sur les super-profits des sociétés pétrolières” pour financer les transports collectifs et l’isolation des logements.

La taxe de l’UFC concernerait essentiellement Total, qui détient la moitié des raffineries françaises (6 sur 12), reconnaît l’association.

Pour les autres “majors” du pétrole présents en France comme les britanniques Shell et BP, ou l’américain ExxonMobil (marque Esso), “il est très difficile de connaître la part de leurs bénéfices réalisés en France”, reconnaît l’association.

L’UFC, qui a mené une nouvelle étude sur le sujet, réfute l’argument avancé l’année dernière par Total, selon lequel “la France ne représente que 5% des profits de Total”. Elle reproche à Total et au ministre de l’Economie Thierry Breton, qui a repris cet argument, d’avoir “menti”.

Pour aboutir au chiffre de 5%, “Total n’a pris en compte que les activités qui sont physiquement localisées en France, telles que le raffinage et la distribution”, fait valoir l’UFC.

En France, Total détenait fin 2005, outre ses six raffineries (54,5% des capacités de production françaises), 5.459 stations service (sur un total de plus de 13.000).

Les profits de l’amont, soit l’exploration-production, située à l’étranger, “sont intégralement exclus du calcul”, s’indigne l’UFC, alors que le consommateur français qui achète du carburant ou du fioul provenant d’une production amont de Total paye, dans le prix “l’ensemble de la chaîne de valeur et des activités”.

Pour l’association, Total réalise en fait “entre 18 et 20% de ses bénéfices en France, soit pour 2005 près de 2,7 milliards d’euros” et Total ne peut “plus contester la cohérence de cette taxe exceptionnelle”, ajoute-t-elle.

L’UFC précise que la taxe “devrait représenter chaque année un prélèvement de moins de 10% sur les profits mondiaux de Total”.

Le groupe pétrolier, lui, interrogé par l’AFP, répond qu’il “paie déjà des taxes et des impôts à l’étranger” sur les activités qu’il y mène.

Mais l’UFC reste sourde à cet argument. La nécessité de cette taxe “ne fait que s’accroître”, indique-t-elle, alors que “les consommateurs font face à une explosion de leur facture pétrolière”, qui a augmenté de 267 euros par ménage et par an entre 2003 et 2006.

Par ailleurs, ajoute l’UFC, un impôt exceptionnel sur les profits pétroliers ne serait pas une exception française. “Les Britanniques et les Chinois ont augmenté leur taxe, la Chambre des représentants américains envisage aussi de modifier la fiscalité pour les groupes pétroliers”, indique François Carlier, directeur adjoint des études et de la communication à l’UFC.

 13/02/2007 15:52:41 – © 2007 AFP