Faute d’interposition du G7, le yen poursuit son déclin

 
 
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Les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des pays du G7 le 10 février 2007 à Essen (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[12/02/2007 11:14:11] LONDRES (AFP) Le yen a poursuivi sa chute face à l’euro et au dollar lundi, le silence du G7 sur la faiblesse de la monnaie nipponne ayant donné le “feu vert” aux cambistes pour continuer à le vendre.

Dès l’ouverture des échanges en Asie, et malgré la fermeture de la Bourse de Tokyo pour un jour de congé, l’euro a amélioré son plus haut historique contre la devise, en grimpant jusqu’à 158,99 yens.

Le dollar a pour sa part grimpé à 122,10 yens, près des 122,19 yens atteints le 29 janvier, qui représentaient un plus haut depuis novembre 2002.

Ce nouvel accès de faiblesse de la monnaie japonaise était prévisible, alors que les ministres des Finances et banquiers centraux des sept pays les plus industrialisés ont épargné samedi le Japon en ne mentionnant pas explicitement la faiblesse du yen comme un problème macroéconomique, à l’issue de leur réunion à Essen en Allemagne.

Shahab Jalinoos, économiste à la banque ABN Amro, y a vu un “feu vert” aux marchés pour continuer de jouer un yen déjà faible à la baisse. “Les attentes d’une partie des investisseurs de voir le G7 forcer d’une manière ou d’une autre le Japon à intervenir ont été fermement enterrées”, a-t-il dit.

Une référence au yen aurait en effet été perçue comme une invitation au Japon à soutenir sa monnaie, et comme une tentative de mettre des bâtons dans les roues aux spéculateurs qui font sur le yen un pari à sens unique –et pour l’heure sans risque– à savoir qu’il va continuer de baisser.

Tout au plus certains responsables du G7 ont-ils mis en garde contre les risques que présentent ces paris à sens unique, comme Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, ou le ministre japonais des Finances, Koji Omi.

Ils ont souligné les dangers du “carry trade”, une technique spéculative consistant à emprunter des capitaux à bas prix – dans des pays où les taux d’intérêt sont très bas, comme au Japon – pour les investir dans des économies où les rendements sont meilleurs.

Selon certains analystes, la pratique massive du “carry trade” serait en train de créer une bulle spéculative, non sans risque si les investisseurs décidaient de liquider toutes leurs positions en même temps.

“L’intérêt du marché va désormais se reporter sur la cause principale de la faiblesse du yen: les taux d’intérêt très bas au Japon”, a expliqué Derek Halpenny, économiste à la Bank of Tokyo-MUFJ.

La Banque du Japon (BoJ) rendra le 21 février sa décision de politique monétaire. Elle a porté son taux directeur de 0 à 0,25% en juillet 2006, mais n’y a plus touché depuis, faute de signes convaincants que l’inflation redémarre, et de peur de compromettre une reprise économique fragile.

Faute de normalisation monétaire, le yen restera exposé au “carry trade” et les économistes s’attendent à le voir poursuivre son déclin dans les semaines à venir.

 12/02/2007 11:14:11 – © 2007 AFP