Morales décrète une nouvelle ère pour l’industrie minière en Bolivie

 
 
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Le président bolivien Evo Morales à l’ONU, le 20 septembre 2006 à New York (Photo : Spencer Platt)

[09/02/2007 20:23:09] LA PAZ (AFP) Le président socialiste bolivien, Evo Morales, a décrété vendredi le début d’une nouvelle ère pour l’industrie minière après avoir envoyé l’armée pour nationaliser un complexe métallurgique détenu par une compagnie étrangère.

“L’heure est venue d’industrialiser toutes nos ressources naturelles, renouvelables et non-renouvelables, les métaux et autres matières premières”, a lancé le chef de l’Etat dans un discours public, en annonçant le retour dans le giron public d’une fonderie appartenant au groupe suisse Glencor.

Environ 200 militaires ont pénétré de force à l’aube dans l’usine, située dans la région de Oruro (380 km au sud de La Paz), n’affrontant qu’une faible résistance de la part des travailleurs. Les soldats, équipés d’armes légères, ont posé des banderoles portant l’inscription “nationalisé”.

“Le complexe métallurgique Vinto avec toutes ses activités retourne sous le contrôle de l’Etat bolivien”, a déclaré M. Morales, en soulignant que l’autorité publique assumait immédiatement son “contrôle administratif, technique, juridique et financier”.

Premier président d’origine indienne, M. Morales, ouvertement anti-libéral et proche du Vénézuélien Hugo Chavez, avait déjà envoyé en mai dernier l’armée occuper les principaux gisements d’hydrocarbures, après avoir décrété la nationalisation de la production pétrolière et gazière.

Le chef de l’Etat avait annoncé dès jeudi soir son intention de nationaliser la fonderie Vinto, propriété du groupe suisse, au motif que sa privatisation, réalisée en 2000 pour 14 millions de dollars, avait été effectuée de manière irrégulière.

A cette époque, le complexe métallurgique avait été vendu par l’Etat à la société britannique Allied Deals qui, après avoir fait faillite, l’avait cédé pour un montant gardé secret à l’ex-président ultra-libéral bolivien Gonzalo Sanchez de Lozada, un riche entrepreneur minier.

L’ancien président, renversé par une insurrection populaire en octobre 2003, avait revendu, après son départ en exil aux Etats-Unis, le groupe détenant la fonderie, la Compagnie minière du sud (Comsur), au groupe suisse Glencore pour 200 millions de dollars.

Sans citer explicitement le groupe suisse, M. Morales a prié “avec beaucoup de respect” les compagnies étrangères d’opérer “dignement et honnêtement” dans le pays, affirmant qu’il n’accepterait pas d’hommes de paille dans ce secteur.

L’annonce du président bolivien intervient alors que son gouvernement, secoué par de fortes tensions sociales, venait de reculer la veille en gelant son projet d’augmentation drastique des taxes sur les exportations minières.

Face aux manifestations violentes de milliers de mineurs indépendants à La Paz, redoutant la chute de leur secteur, le président avait renoncé jeudi à cette idée, destinée à imposer une fiscalité plus contraignante aux compagnies étrangères exploitant le sous-sol (étain, argent, or, minerai de fer, zinc, plomb, antimoine, tungstène et cuivre).

Les autorités de La Paz s’indignent de ce que les exportations minières ont atteint un milliard de dollars en 2006 mais n’ont rapporté seulement que 56 millions de dollars au pays andin, le plus pauvre d’Amérique du sud en dépit de ses immenses richesses naturelles, en minerais comme en hydrocarbures.

Parmi les grands groupes miniers étrangers opèrant en Bolivie figurent les Américains Apex Silver, Coeur D’Alene, American Silver Corp, Newmont et Luzon Minerals, le Suisse Glencore ainsi que l’Indien Jindal Steel et Power.

 09/02/2007 20:23:09 – © 2007 AFP