Yen faible : les pays du G7 réunis dans un climat tendu

 
 
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La Villa Huegel à Essen en Allemagne où se tient le G7 des finances, le 9 février 2007 (Photo : Volker Hartmann)

[09/02/2007 17:48:34] ESSEN (AFP) Les grands argentiers des pays riches du G7 se sont retrouvés vendredi à Essen en Allemagne dans un climat pesant: les Européens s’inquiètent de l’impact de la forte baisse du yen sur leur croissance, alors qu’Etats-Unis et Japon restent partisans du laisser-faire.

Les discussions sur deux jours des ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales des Etats-Unis, du Japon, de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie et du Canada devaient débuter par un dîner à Essen (ouest). Elles devraient être dominées par un contentieux autour de la faiblesse du yen.

Depuis 2001, le taux de change réel de l’euro (prenant en compte le différentiel d’inflation avec le Japon) s’est apprécié de 63% par rapport à la monnaie nipponne, selon la Société Générale, tendance qui s’est accentuée en début d’année.

Hasard de calendrier, la France et la Grande-Bretagne ont toutes deux annoncé vendredi des déficits commerciaux records en 2006. Une situation due notamment à la facture pétrolière mais qui devrait néanmoins alimenter les débats à Essen.

Vendredi, le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, est resté prudent devant la presse à Essen : “naturellement, nous allons parler des taux de change”, s’est il borné à dire.

Même son de cloche du côté du président de la banque centrale allemande Axel Weber, membre à ce titre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne. “Nous allons parler des déséquilibres” de l’économie mondiale et dans ce cadre “il n’est pas possible d’éviter de parler des taux de changes”, a-t-il dit.

Les Européens soupçonnent le Japon d’encourager la faiblesse de sa monnaie pour soutenir ses exportations, en maintenant des taux d’intérêt plus bas que ne le justifie la santé économique retrouvée de l’Archipel.

“Il est très peu probable que le communiqué final que publiera le G7 aille jusqu’à pointer directement du doigt le Japon”, relativise Sonja Marten, économiste de la banque Dresdner Kleinwort.

Le ministre japonais des Finances, Koji Omi, s’est contenté de répéter vendredi la formule rituelle selon laquelle le taux de change du yen doit “refléter les fondamentaux” de l’économie nippone. Mais un dirigeant de la Banque du Japon (BoJ) a été plus clair en reconnaissant le même jour que le yen faible “aura globalement un effet positif” sur l’économie du pays.

Tokyo peut compter sur le soutien des Etats-Unis qui ont cherché ces derniers temps à minimiser la baisse du yen, lequel a il est vrai moins reculé face au dollar que vis-à-vis de l’euro.

Washington se préoccupe avant tout du yuan chinois, autre monnaie faible, qui alourdit plus le déficit commercial américain abyssal que le yen.

Avec les changes, le pétrole cher devrait aussi être abordé. Axel Weber a jugé que les prix de l’or noir, qui viennent de repasser au-dessus de 60 dollars le baril, “constituent le principal risque” pesant sur l’économie mondiale.

Avant de retrouver ses homologues du G7 Finances lors du dîner auquel assisteront également les ministres des Finances de Chine, Russie, Mexique, Afrique du Sud, Brésil et Inde, M. Steinbruck a par ailleurs jugé que ce club des pays riches devrait d’ici quelques années intégrer les pays émergents et la Russie.

Une manière de répondre aux critiques du ministre des Finances russe Alexeï Koudrine, qui s’est plaint le même jour de la mise à l’écart de son pays par ce forum pour des “raisons politiques”.

Enfin, M. Steinbrück s’est inquiété d’un possible “effet domino” des fonds spéculatifs (hedge funds), sujet dont l’Allemagne souhaite faire une priorité à Essen.

 09/02/2007 17:48:34 – © 2007 AFP