Métallurgie allemande : les négociations salariales s’annoncent rudes

 
 
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Jürgen Peters, président du syndicat IG Metall, à Francfort, le 6 février 2007 (Photo : Thomas Lohnes)

[06/02/2007 16:10:21] FRANCFORT (AFP) Les négociations salariales dans la métallurgie allemande promettent d’être rudes, IG Metall exigeant une forte hausse des rémunérations pour faire profiter les salariés de la croissance, alors que le camp des employeurs crie à l’irresponsabilité.

La direction du syndicat recommande une augmentation de 6,5% des salaires pour le nouveau round des négociations concernant 3,4 millions de salariés, a-t-elle annoncé mardi.

Cette proposition devrait être entérinée le 26 février et le coup d’envoi des discussions donné le 12 mars en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest), le Land le plus peuplé d’Allemagne.

“L’industrie de la métallurgie et de l’électrotechnique peut sans problème supporter et financer une hausse d’un ordre de grandeur de 6,5%”, a estimé le président du syndicat, Jürgen Peters, lors d’une présentation au siège de Francfort.

Dans un passé récent, IG Metall est arrivé à deux reprises avec une revendication de cette ampleur à la table des négociations, en 1999 et 2002, pour obtenir au bout du compte plus de 4%. L’an passé, il avait avancé 5% et empoché 3%, le patronat ayant cédé sous la menace de grèves dures.

Les négociations salariales par branche sont un processus de longue haleine. Elles se déroulent au niveau régional, à raison de nombreux rounds entre syndicats et patronat avant la conclusion d’un accord dans un Land pilote, adopté ensuite par les autres régions. Ces compromis sont suivis de près, car ils donnent le ton pour l’ensemble de l’industrie de la première économie de la zone euro.

Les accords s’appliquent à des grands noms comme DaimlerChrysler, BMW, Siemens ou Infineon, de même qu’à une grande partie des PME qui forment l’essentiel du tissu industriel allemand.

Après plusieurs années de modération, le syndicat estime légitime de faire profiter les salariés des bonnes conjonctures mondiale et allemande. L’optimisme est de mise en ce moment dans le pays sur fond de croissance retrouvée et de décrue du chômage.

Pour 2007, la production de la branche devrait augmenter de 4,5% à 5,5%, selon Berthold Huber, le numéro deux du syndicat. Au total, la progression a été de 18% ces trois dernières années. “Nous demandons une part juste des salariés à cette progression économique durable”, a-t-il dit.

Mais pour le patronat, la retenue salariale est bien l’une des raisons clé qui ont permis au pays de rester champion mondial des exportations. Ces dernières ont bondi de 12,4% l’an passé.

“Nous avons réussi à augmenter nos parts de marché parce que nous avions nos coûts unitaires du travail mieux en main”, a affirmé Martin Kannegiesser, président de la fédération patronale Gesamtmetall.

Une bonne conjoncture mondiale est une chose, mais elle ne sert à rien si les contrats atterrissent chez la concurrence. Selon lui, IG Metall se berce d’illusions et méconnaît les réalités du marché mondial.

Pour Dieter Hundt, patron des patrons en Allemagne, le syndicat met carrément en danger la relance du pays et menace l’emploi. L’an passé, la branche a créé environ 30.000 nouveaux postes. “Celui qui veut que les succès continuent sur le front de l’emploi doit conserver la ligne de politique salariale modérée de ces dernières années”, a-t-il insisté.

La fin de la modération est le mot d’ordre des syndicats cette année en Allemagne, où d’autres grands secteurs, comme le bâtiment ou la chimie, veulent des hausses d’au moins 4%.

De quoi déplaire à la Banque centrale européenne, qui ne cesse de mettre en garde contre les retombées inflationnistes de fortes augmentations salariales en zone euro, et ne manque jamais une occasion de brandir l’arme de nouvelles hausses des taux directeurs pour y faire barrage.

 06/02/2007 16:10:21 – © 2007 AFP