Les Espagnols consomment trop, la croissance doit être rééquilibrée, selon l’OCDE

 
 
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Le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, lors d’une conférence de presse à l’aéroport de Madrid le 4 janvier 2007 (Photo : Pierre-Philippe Marcou)

[23/01/2007 10:47:17] MADRID (AFP) Les Espagnols consomment trop, accèdent trop à la propriété de leur logement, et l’économie du pays, bien que très dynamique, reste vulnérable et doit rééquilibrer sa croissance, notamment en muselant la demande intérieure et en accroissant la productivité, a estimé mardi l’OCDE.

La demande intérieure, qui a été le moteur de la très forte croissance espagnole (+3,8% prévus en 2006), reste trop importante, selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

“Comme les années précédentes, le dynamisme de l’activité a reposé sur une demande intérieure très robuste, soutenue par des conditions monétaires souples (…) la hausse progressive des taux d’intérêt par la BCE depuis la fin 2005 ne l’a que faiblement modérée”, selon l’étude économique sur l’Espagne de l’organisation.

“Une politique budgétaire plus restrictive serait souhaitable pour modérer la demande intérieure”, ajoute l’organisation, qui estime que “la croissance demeure déséquilibrée, comme en témoigne l’important déficit extérieur”.

Les Espagnols consomment trop, s’endettent trop, notamment pour se loger. “La hausse très rapide de l’endettement des ménages et des prix du marché immobilier pourrait menacer la stabilité macroéconomique”, affirme l’organisation qui préconise la fin des aides à l’accession à la propriété et l’incitation au développement d’un marché locatif.

Le marché locatif est très restreint, la majorité des Espagnols étant propriétaires de leur logement.

L’inflation, plus élevée que la moyenne européenne, pèse sur les performances de l’économie espagnole en “érodant la compétitivité et creusant le déficit extérieur”, estime l’OCDE, qui préconise de remettre en cause les accords collectifs de revalorisation de salaires.

“La croissance nominale des salaires dépasse systématiquement celle de la zone euro” en raison de “conventions collectives” qui comportent des clauses de rattrapages des salaires par rapport à l’inflation.

Ces mesures de protection des salariés “limitent les différenciations salariales entre firmes à niveaux de productivités différents”, juge l’OCDE.

Pourtant, selon une étude du ministère de l’Economie publiée en octobre, la hausse moyenne des salaires enregistrée en Espagne en 2005 n’a pas compensé le rythme de l’inflation.

Le salaire minimum interprofessionnel en espagne est de 570,6 euros par mois, l’un des plus faibles de l’Union européenne.

Par ailleurs, le fonctionnement de certains marchés, comme la distribution de détail, est également problématique du fait d’une concurrence insuffisante, ce qui pousse les entreprises à trop accroître leurs marges et ne pas rechercher des gains de productivité, selon l’OCDE.

Cet accroissement de productivité doit aussi être stimulé par un “projet ambitieux de réforme universitaire, axé sur une autonomie accrue des établissements”, selon l’étude.

“Les gains de productivité restent modestes, ce qui fait craindre une décélération marquée de la croissance de la production et des revenus par tête dans les années à venir”, estime l’OCDE.

Le gouvernement souhaite que le niveau de PIB par espagnol dépasse celui de l’Allemagne et l’Italie d’ici 2010.

Enfin, l’OCDE recommande de “se préparer plus activement aux conséquences budgétaires du vieillissement”, notamment en allongeant les durées de cotisation pour les retraites.

 23/01/2007 10:47:17 – © 2007 AFP