La demande d’éthanol propulse les cours du maïs au plus haut depuis dix ans

 
 
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Un fermier récolte du maïs destiné à la fabrication de l’éthanol, à Novato, le 30 novembre 2006 (Photo : Justin Sullivan)

[19/01/2007 09:39:16] NEW YORK (AFP) Les prix du maïs ont atteint cette semaine leur plus haut niveau depuis plus de dix ans, dopés par une demande croissante d’éthanol et une récolte américaine médiocre.

Mercredi, le contrat sur le maïs a atteint 4,2050 dollars, un sommet depuis juillet 1996, quand le prix avait dépassé 5,50 dollars.

En un an, les cours ont ainsi quasiment doublé, alors que “le seuil symbolique de 4 dollars n’avait plus été atteint depuis 2000”, souligne Dax Wedemeyer, analyste de US Commodities.

Les cours avaient notamment flambé la semaine dernière, quand le ministère américain de l’Agriculture (USDA) a revu en baisse ses prévisions de stocks mondiaux de maïs.

Ce recul des stocks s’explique essentiellement par une récolte américaine médiocre, elle-même due à une baisse des surfaces cultivées et à un moindre rendement, selon l’USDA.

“Les Etats-Unis jouent un rôle crucial dans l’économie du maïs, comptant pour plus de 40% de la production mondiale et pour près de 70% des exportations”, souligne Helen Henton, analyste de Standard Chartered.

“Si la récolte américaine est encore la troisième plus importante jamais observée aux Etats-Unis et devrait largement combler les besoins du pays, il y aura peu de surplus disponibles pour les exportations”, a-t-elle averti.

En effet, les analystes s’accordent à dire qu’en dépit des prix élevés, la demande pour le maïs ne devrait pas faiblir. Et ce, essentiellement en raison des besoins croissants pour l’éthanol, biocarburant fabriqué aux Etats-Unis exclusivement à partir de cette céréale.

“Il y a six ans, 54 usines d’éthanol produisaient moins de 2 milliards de gallons (7,56 mds de litres) par an aux Etats-Unis”, a souligné le ministre américain de l’Agriculture Mike Johanns début janvier.

“Aujourd’hui, plus de 100 usines fabriquent plus de 5 milliards de gallons par an (18,9 mds de litres) et plus de 70 nouvelles usines sont en construction, ce qui devrait accroître la production de 8 mds de gallons”, a-t-il poursuivi.

Les besoins en éthanol engloutissent désormais 20% des récoltes américaines de maïs, contre seulement 6% en 2000, selon l’USDA.

Conséquence de cette demande croissante, “les stocks mondiaux de maïs sont actuellement à leur plus bas niveau historique, et c’est ce qui a enflammé le marché”, relève Joe Victor, analyste d’Allendale.

“Le président George W. Bush devrait en outre plaider pour une plus forte production d’éthanol, dans son discours sur l’état de l’Union la semaine prochaine”, ajoute-t-il.

Dernier facteur de nature à soutenir les prix: les besoins de la Chine, dont la production “répond tout juste à la demande nationale” et qui pourrait ainsi devenir un “importateur net de maïs dans les années à venir”, estime Helen Henton.

Si les producteurs de maïs américains voient leurs bénéfices gonflés par la flambée des cours, certains observateurs craignent une hausse des prix des produits alimentaires à base de maïs, des oeufs aux tortillas, en passant par les yaourts ou le poulet.

Les faibles stocks de maïs pénalisent ainsi également les éleveurs de volaille et de bétail américains, “poussant certains industriels à aller désormais le chercher ailleurs, comme en Argentine”, relève M. Victor.

Pour répondre à la demande, les parcelles consacrées à la culture du maïs vont augmenter l’an prochain aux Etats-Unis, d’environ 10%, pronostiquent les analystes. Un gain de production logiquement susceptible de calmer la hausse des cours.

“Je ne pense pas que les prix vont dépasser 5 dollars au cours des prochains mois”, estime ainsi Dax Wedemeyer.

“Il y a aussi un seuil au-delà duquel la production d’éthanol ne serait plus rentable”, ajoute-t-il.

 19/01/2007 09:39:16 – © 2007 AFP