USA : le président de la Fed met en garde contre une crise budgétaire

 
 
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Siège de la Réserve fédérale américaine à Washington (Photo : Karen Bleier)

[18/01/2007 19:18:07] WASHINGTON (AFP) Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a mis en garde jeudi contre le risque d’une crise budgétaire à long terme aux Etats-Unis, avec le vieillissement de la population et les dépenses afférentes, alors que l’inflation continue à menacer la première économie mondiale.

“Nous faisons l’expérience de ce qui s’apparente au calme avant la tempête”, a averti M. Bernanke, lors d’une audition devant la commission budgétaire du Sénat.

Evoquant les différentes projections de coûts liés à l’arrivée à la retraite de la génération des “baby-boomers” et du vieillissement de la population américaine, il a expliqué que “le résultat qui semble le plus probable, en l’absence de changement de politique, est une hausse du déficit budgétaire et une augmentation du montant de la dette fédérale émise à des niveaux records”.

Les Etats-Unis tablent sur un déficit de 339 milliards de dollars sur l’ensemble de l’exercice budgétaire 2007, après 248,2 milliards de dollars en 2006 (1,9% environ du Produit intérieur brut).

“Si des mesures significatives et rapides ne sont pas prises, l’économie américaine pourrait être gravement affaiblie, et les générations futures en payer l’essentiel du prix”, a-t-il ajouté.

Interrogé sur l’urgence d’une telle réaction, M. Bernanke a dit que “plus on attendra, plus l’ajustement sera lourd, difficile et sévère”.

“Je pense que le meilleur moment pour commencer ce travail, c’était il y a 10 ans”, a-t-il ajouté.

Cette mise en garde intervient alors que l’inflation menace toujours l’économie américaine, ce qui devrait dissuader la Fed de baisser rapidement ses taux.

Les prix à la consommation sont repartis à la hausse en décembre aux Etats-Unis, progressant de +0,5% par rapport à novembre, portés par les prix de l’énergie (+4,6%) et surtout de l’essence (+8,0%), a annoncé jeudi le département du Travail.

Il s’agit de la première hausse de l’indice général depuis le mois d’août 2006, et de la plus forte progression (+0,2%) de l’indice de base (hors alimentation et énergie) depuis septembre.

“L’inflation n’est pas trop bouillonnante mais son niveau est clairement supérieur à ce que souhaite la Fed”, a commenté l’économiste indépendant Joël Naroff, écartant de fait toute baisse imminente des taux directeur américains.

“Même si le niveau d’inflation des prix à la consommation hors énergie et alimentation s’inscrit dans la fourchette de 1% à 2% visée par Ben Bernanke sur les trois derniers mois, davantage de bonnes nouvelles sont nécessaires sur ce front pour que la Fed baisse sa garde”, a confirmé Peter Morici, professeur à l’Université du Maryland.

La Comité de politique monétaire de la Fed doit se réunir le 31 janvier. Il a laissé son taux directeur inchangé à 5,25% lors de ses quatre dernières réunions, indiquant qu’il baserait toute décision future sur les indices économiques.

Autre raison d’attendre, pour la Fed, les bons chiffres du marché immobilier publiés jeudi.

Les mises en chantier de logements ont progressé de 4,5% en décembre par rapport à novembre, à 1,642 million d’unités en rythme annuel, un niveau très supérieur aux attentes des analystes qui tablaient sur 1,570 million unités. C’est leur deuxième hausse mensuelle consécutive.

“Il s’agit peut-être de la meilleure nouvelle en matière d’immobilier depuis des mois”, a réagi Patrick Newport de l’institut Global Insight.

L’économiste a souligné l’augmentation des permis de construire des maisons individuelles, en hausse pour la première fois depuis 10 mois.

Reste que ces chiffres “ont probablement été faussé par le climat doux” qui a poussé les entrepreneurs à terminer leurs chantiers, a fait remarquer Marie-Pierre Ripert, d’Ixis.

 18/01/2007 19:18:07 – © 2007 AFP