Le pétrole coule à nouveau vers l’UE, Minsk et Moscou règlent leurs comptes

 
 
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Un ouvrier bélarus vérifie un manomètre de la station pétrolière “Gomel” de l’oléoduc Droujba, le 11 janvier 2007 à Bobovichi (Photo : Viktor Drachev)

[11/01/2007 16:31:26] MOSCOU (AFP) Le pétrole russe a recommencé à couler à plein régime vers l’Europe jeudi, après trois jours d’interruption liés à une crise entre la Russie et le Bélarus qui pose une nouvelle fois la question de la fiabilité de Moscou comme fournisseur énergétique.

“Nous avons pleinement repris nos livraisons. La partie russe a recommencé à envoyer du pétrole (dans l’oléoduc Droujba) à 08H22 (05H22 GMT)”, a déclaré à l’AFP le vice-président du monopole russe des oléoducs Transneft, Sergueï Grigorev.

“Nous allons même essayer d’augmenter nos livraisons pour compenser les manques. Nous ne pouvons pas garantir que nos clients recevront tout (ce qui était prévu) ce mois-ci, mais nous allons essayer”, a-t-il ajouté.

L’oléoduc Droujba avait été brutalement fermé lundi, privant cinq pays européens de pétrole russe, dont l’Allemagne et la Pologne, en raison d’un différend entre Moscou et Minsk sur le transit de brut par le territoire bélarusse.

Les Européens ont manifesté leur mécontentement et appelé Moscou et Minsk à plus de “fiabilité”. “Nous avons préparé une lettre qui sera envoyée aujourd’hui dans laquelle nous appelons à un comportement fiable et transparent dans le futur”, a déclaré jeudi le commissaire européen à l’Energie, Andris Piebalgs.

Pour le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’Energie, Claude Mandil, Moscou doit reconnaître que l’incident était “grave” et en “tirer des conséquences claires”, pour retrouver la confiance des Occidentaux.

Le président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), René van der Linden, a estimé à Moscou que ces trois jours de coupures avaient nui à la “réputation de la Russie” et que les contrats devaient être “honorés”.

Le président autoritaire du Bélarus, Alexandre Loukachenko, n’a pas manqué non plus de remuer le fer dans la plaie. “Si la ‘superpuissance énergétique’ autoproclammée n’a pas compris que ce statut prévoit non seulement des droits mais aussi des obligations, l’Europe devrait d’urgence trouver d’autres sources d’approvisionnement en énergie”, a lancé le quotidien de la présidence “Le Bélarus Aujourd’hui”.

Pour les deux voisins de l’ex-URSS, l’affaire ne s’arrête pas là. Des négociations étaient en cours jeudi à Moscou sur une série de questions bilatérales dont l’issue devrait être déterminante pour les relations entre les deux pays et l’économie du Bélarus.

Une délégation bélarusse menait des discussions avec le ministre russe du développement économique, Guerman Gref, avant une rencontre prévue des Premiers ministres russe, Mikhaïl Fradkov, et bélarusse, Sergueï Sidorski.

Après l’annulation par Minsk d’une taxe de 45 dollars la tonne sur le transit de pétrole russe imposée inopinément le 1er janvier, reste la question de la taxe de 180 dollars la tonne imposée par Moscou en fin d’année sur le pétrole qu’elle vend au Bélarus.

Ce pays était le seul au monde à ne pas s’acquitter de cette dîme et disposait ainsi d’un brut bon marché qu’il raffinait dans deux usines modernes pour le revendre à l’UE avec un bénéfice considérable.

Avec la nouvelle taxe, ce commerce n’est plus rentable et l’économie de ce petit pays de l’ex-URSS soutenue par son voisin est menacée. Pire, Minsk qui vend les produits de son agriculture et de son industrie sans droits de douane en Russie, risque de ne plus bénéficier de ce régime hors taxe, notait jeudi la presse russe.

La Russie envisage aussi de n’importer de viande, lait et poisson du Bélarus que s’ils sont certifiés par le ministère russe de l’Agriculture, a indiqué le chef des services vétérinaires de ce ministère, Sergueï Dankvert, cité par l’agence Interfax.

Minsk vend à la Russie 100% de ses exportations de viande, 97,3% de celles de lait et la Russie achète entre 50 et 70% des meubles, chaussures, pneus, médicaments, réfrigérateurs, et équipements lourds exportés par l’ex-république soviétique, indique le quotidien officiel russe Rossiïskaïa Gazeta, une situation héritée de l’organisation du travail entre les républiques d’URSS.

 11/01/2007 16:31:26 – © 2007 AFP