Pinault ne dévoile pas ses intentions, Suez demande des éclaircissements

 
 
SGE.EUS03.020107185309.photo00.quicklook.default-178x245.jpg
L’homme d’affaires François Pinault au Palais Grassi, le 9 novembre 2006 à Venise (Photo : Alberto Pizzoli)

[02/01/2007 18:55:01] PARIS (AFP) Les spéculations sur une éventuelle offre de François Pinault sur Suez continuent après une déclaration sibylline de l’homme d’affaires français, via sa holding Artémis, affirmant qu'”aucune décision” sur une OPA n’a été prise, et que “toutes les options restent ouvertes”.

En réponse aux injonctions de l’Autorité des marchés financiers (AMF), Artémis a indiqué mardi dans un bref communiqué “qu’à ce jour aucune décision concernant l’éventualité d’une offre portant sur les actions de Suez n’a été prise et que toutes les options restent ouvertes”.

L’homme d’affaires reste flou sur ses intentions, mais Suez ne s’est pas satisfait de cette déclaration, qu’elle juge “vague et imprécise”. Estimant qu’elle “ne clarifie en rien les intentions réelles” du groupe Pinault, le groupe a de nouveau saisi l’AMF pour qu’elle “obtienne du groupe Pinault une clarification sans équivoque sur ses intentions”.

L’AMF a indiqué mardi soir qu’elle était “en contact avec les différents protagonistes afin de clarifier leur position” et que le collège de l’AMF rendrait “une décision pour clarifier la situation dans les tout prochains jours”.

Auparavant, l’AMF avait indiqué étudier cette déclaration à la lumière de la nouvelle réglementation sur les OPA, entrée en vigueur cet automne. Celle-ci lui confère le pouvoir d’exiger des sociétés ou des personnes “dont il y a des motifs raisonnables de penser qu’elles préparent une offre” sur une entreprise qu’elle lui déclarent leurs intentions.

Selon une source proche du dossier, l’AMF devrait se prononcer mercredi.

La rumeur d’une OPA de François Pinault ayant l’aval de Jacques Chirac avait provoqué vendredi une nouvelle poussée de fièvre dans le dossier Suez-GDF, qui a déjà connu de multiples rebondissements.

Le site internet du mensuel économique Capital avait indiqué, au conditionnel, que M. Pinault serait sur le point de lancer une OPA hostile de 70 milliards d’euros sur Suez, avec le feu vert de l’Elysée.

Selon Capital, François Pinault s’allierait à Veolia Environnement, Vinci ou Wendel Investissement pour mener son opération.

La présidence de la République avait aussitôt “démenti catégoriquement cette rumeur fantaisiste”, mais Suez avait demandé à l’AMF “d’obtenir du groupe Pinault qu’il déclare ses intentions”.

Les titres de Suez et Gaz de France qui, selon le schéma de Capital, rachèterait le pôle énergie de Suez pour 40 milliards d’euros, ont grimpé dans le sillage de ces spéculations.

Mardi, Suez gagnait 1,50% à 39,82 euros vers 15H20 (14H20 GMT), après être monté en matinée jusqu’à 40,50 euros. GDF prenait de son côté 0,06% à 34,87 euros.

“M. Pinault cherche surtout à ne pas se fermer de portes dans le cas où ce dossier reviendrait sur la table après les élections. S’il disait qu’il ne veut pas faire d’offre, il ne pourrait plus en faire pendant six mois”, a commenté un analyste.

La nouvelle rumeur Pinault intervient alors que le processus de fusion de Suez et GDF apparaît moribond, depuis la décision du Conseil constitutionnel repoussant la fusion au-delà des élections du printemps 2007.

Pour l’instant, les conseils d’administration de GDF et Suez ont mandaté les PDG respectifs, Jean-François Cirelli et Gérard Mestrallet, afin qu’ils établissent un nouveau calendrier, mais l’interruption du processus de fusion ouvre la porte à une éventuelle OPA contre Suez.

François Pinault, qui a des vues sur le pôle environnement de Suez, avait déjà mis sur pied cette année un projet commun avec l’italien Enel, intéressé, lui, par le pôle énergie du groupe. Mais en octobre, M. Pinault avait affirmé que ce projet n’était plus d’actualité.

 02/01/2007 18:55:01 – © 2007 AFP