Gaz : Minsk dépêche d’autres négociateurs pour arracher un accord avec Moscou

 
 
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Un pipeline à gaz en construction à une centaine de kilomètre de Minsk, le 9 janvier 2006 (Photo : Viktor Drachev)

[29/12/2006 12:47:26] MOSCOU (AFP) Le Belarus Belarus a dépêché vendredi des négociateurs supplémentaires à Moscou pour arracher un accord sur le gaz à trois jours de la fin de l’ultimatum lancé par le géant russe Gazprom qui a mis en garde contre des “pénuries” en Europe s’il devait fermer son robinet.

“Une délégation supplémentaire est partie pour Moscou, avec à sa tête le premier vice-ministre de l’Energie, Edouard Tovpenets”, a déclaré à l’AFP Andreï Joukov, un conseiller du ministre de l’Energie.

“Nous y allons pour trouver un accord final. Je pense que le problème sera réglé”, a ajouté M. Joukov qui avait assuré auparavant que les négociations aboutiraient “probablement” vendredi ou samedi.

Selon ce conseiller, la partie bélarusse a “présenté” jeudi aux Russes “un paquet supplémentaire de documents pour les négociations”.

Le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, s’est montré moins optimiste qualifiant le climat des négociations de “tendu”.

“Mais il reste une chance bien sûr” de trouver un accord à temps, a-t-il assuré à l’AFP.

“Les contacts sont maintenus en permanence”, a ajouté le porte-parole alors que l’ultimatum lancé par le géant gazier, vaisseau amiral de la force de frappe énergétique russe, expire au matin du 1er janvier, à 07H00 GMT.

Dans une interview au quotidien français Le Figaro parue vendredi, le vice-président de Gazprom, Alexandre Medvedev a fustigé le “chantage grotesque” exercé par Minsk qui menace d’interrompre les livraisons de gaz vers l’Europe, et mis en garde contre un possible “rationnement” entraînant des “pénuries” en UE.

“J’ai été surpris (…) du départ inopiné de nos collègues bélarusses de la table de négociation. Et j’ai trouvé grotesque leur chantage avertissant nos clients européens d’une interruption du transit du gaz russe sur le territoire bélarusse”, a-t-il déclaré.

Tout en se disant “confiant dans le fait qu’il n’y aura probablement pas” de conséquences pour les clients européens de Gazprom, M. Medvedev a estimé qu’on ne pouvait pas “exclure un rationnement contraint de l’offre (russe) et donc des pénuries” en Europe.

Environ 5% du gaz consommé par les Européens transite par le Bélarus.

Depuis mardi et l’échec des négociations sur une hausse du prix du gaz fourni au Bélarus qui devait passer de 46 à 200 dollars les 1.000 m3, le ton n’a fait que monter entre Moscou et Minsk, et ce malgré un compromis proposé par les Russes.

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Exportations du géant gazier russe vers ses voisins

Le géant gazier russe, qui ne cache pas convoiter Beltransgaz, a offert à Minsk de payer 105 dollars les 1.000 m3 de gaz en l’échange de l’acquisition de 50% de ce maître d’oeuvre du réseau de gazoducs bélarusses.

La crise gazière entre Moscou et Minsk rappelle le conflit du même genre entre Moscou et Kiev qui avait entraîné en janvier dernier des interruptions de livraisons de gaz en Europe.

Mais alors qu’à l’époque, les Européens avaient critiqué le Kremlin et volé au secours de l’Ukraine dirigée par un président pro-occidental, cette fois, le ton se fait plus mesuré.

Le régime bélarusse, toujours au ban de la communauté internationale, est qualifié de “dernière dictature d’Europe” par Washington.

Jeudi, le commissaire européen à l’Energie Andris Piebalgs s’est contenté d’appeler les deux ex-républiques soviétiques à trouver “au plus vite un accord qui ne mette pas en danger le transit du gaz vers l’UE”, soulignant que “la Commission suit la situation de très près”.

Il ajouté que le Groupe de coordination pour le gaz, qui rassemble des représentants des 25 et des industriels et vise à garantir la sécurité des approvisionnements, se réunira le 4 janvier pour “évaluer la situation”.

Le premier importateur de gaz en Allemagne, EON Ruhrgas, a relativisé l’impact pour ce pays d’une crise éventuelle, indiquant qu’une grande partie du gaz de Gazprom arrivait par l’Ukraine et que le Bélarus n’était pas la voie de transport essentielle.

 29/12/2006 12:47:26 – © 2006 AFP