Safran : Francis Mer arrive pour arrêter une crise interne destructrice

 
 
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L’ancien industriel et ministre des Finances Francis Mer, le 8 février 2005 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[12/12/2006 20:38:47] PARIS (AFP) L’ancien industriel et ministre des Finances Francis Mer a été élu mardi à la présidence du conseil de surveillance du groupe de haute technologie Safran, miné depuis des mois par une “guerre des chefs” destructrice.

M. Mer, 67 ans, remplacera à compter du 16 janvier 2007 Mario Colaiacovo, qui restera membre du conseil, a indiqué le groupe.

L’arrivée de M. Mer s’inscrit dans la remise en ordre voulue par l’Etat, premier actionnaire avec 30,8% du capital du groupe issu de la fusion en mai 2005 du motoriste aéronautique Snecma et de l’électronicien Sagem.

Parallèlement, Safran a annoncé à l’issue du conseil de surveillance un avertissement sur ses résultats 2006. Il prévoit désormais une baisse de sa marge opérationnelle à 4% du chiffre d’affaires (contre 5,5%-6% prévu initialement).

Ce recul est lié à la chute de l’activité de téléphonie mobile au dernier trimestre, a expliqué le groupe, mais aussi à “des écritures comptables inexpliquées” dans la branche défense sécurité qui pourraient affecter ses comptes de 100 millions d’euros. Ces irrégularités ont conduit le groupe a lancer une enquête interne pour possible “fraude”.

Le conflit entre les proches de M. Colaiacovo, ancien patron de Sagem, et ceux de M. Béchat, ancien patron de Snecma, s’était exacerbé ces derniers mois, notamment avec le licenciement en novembre du PDG de Sagem Sécurité Défense, Jacques Paccard, en raison des pertes de cette branche.

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L’ex-président du directoire du groupe de haute technologie Safran, Jean-Paul Béchat, le 13 septembre 2006 à Paris

La tension a culminé en fin de semaine quand la direction de Safran, accusée par les actionnaires salariés de “chasse aux sorcières”, a fait état d'”écritures comptables inexpliquées” découvertes chez Sagem DS après le départ de M. Paccard.

L’Etat, après une ultime discussion avec le groupement des actionnaires salariés proche de Sagem (qui revendique 15% du capital sur les 19,6% détenus par les salariés) a fini par obtenir un accord de départ concerté des deux principaux protagonistes.

Le conseil de surveillance a donc “pris acte” de la démission de M. Colaiacovo et de celle de M. Béchat, ancien patron de Snecma, qui partira le 2 septembre.

Ancien patron du groupe sidérurgique Usinor-Sacilor et ministre de l’Economie de 2002 à 2004, M. Mer a été coopté à la place d’un représentant de Bercy avant d’être élu à la présidence.

L’ancien industriel a la réputation d’être un homme à poigne. “Dans le contexte actuel, avoir un chef à fort caractère est un atout”, estimait une source proche du conseil de surveillance avant la réunion.

Le conseil a aussi renforcé le directoire chargé du fonctionnement opérationnel du groupe, écartelé entre les branches prospères (moteurs d’avions et équipements aéronautiques) et les deux branches en déficit (défense-sécurité et communications).

Il a nommé Xavier Lagarde, directeur général adjoint de Safran, chargé de la branche communications et Dominique-Jean Chertier, également directeur général adjoint, chargé des affaires sociales et institutionnelles pour épauler Jean-Paul Béchat, qui ne pouvait légalement rester seul après le départ prévu à la retraite d’Yves Imbert fin 2006.

 12/12/2006 20:38:47 – © 2006 AFP