Iberdrola et Scottish Power créent le numéro trois de l’énergie en Europe

 
 
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Le président du géant espagnol de l’énergie Iberdrola, Ignacio Galan, le 28 novembre 2006 (Photo : Javier Soriano)

[28/11/2006 18:16:59] LONDRES (AFP) Le rachat du britannique Scottish Power par l’espagnol Iberdrola, annoncé mardi pour 17,1 milliards d’euros, crée le numéro trois européen de l’énergie, ce qui illustre une nouvelle fois la consolidation du secteur et la montée en puissance des entreprises ibériques sur le continent.

La nouvelle entité aura une valeur d’entreprise de 63,8 milliards d’euros, un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros et une puissance installée totale de 36.000 mégawatts, dont 6.000 en énergies renouvelables.

Scottish Power, qui fournit 5,2 millions de foyers au Royaume-Uni, est présent aussi en Amérique du Nord, notamment dans les éoliennes, secteur dont Iberdrola se veut le leader mondial. Le groupe espagnol compte 18 millions de clients en Espagne et en Amérique latine.

Iberdrola compte obtenir “sans problème” le feu vert de la Commission européenne d’ici la mi-février, “comme cela a été le cas pour l’OPA de l’allemand EON sur l’espagnol Endesa”, a assuré le directeur de la stratégie du groupe, Jose Luis del Valle.

Mais la fusion n’a pas séduit la Bourse, à Londres comme à Madrid. Scottish Power a cédé 0,80% à 740 pence et Iberdrola 2,11% à 32,06 euros.

“Des rumeurs avaient fait état récemment d’une OPA de 12 milliards de livres, les investisseurs sont donc un peu frustrés” par cette offre de 11,6 milliards, a expliqué un courtier à Londres. Selon lui, le marché est aussi “déçu par le fait que l’offre ne soit pas tout en numéraire”.

Chaque actionnaire du britannique recevra, pour un titre détenu, 400 pence et 0,1646 action Iberdrola, pour un total de 777 pence, soit une prime de 16% par rapport au cours de Scottish Power avant la fusion.

Le secteur de l’énergie est en pleine consolidation en Europe, avec le projet de fusion entre GDF et Suez en France et la tentative de rachat de l’espagnol Endesa par l’allemand EON pour 37,1 milliards d’euros. Scottish Power avait déjà rejeté il y a un an une OPA de EON.

Les entreprises du secteur “doivent choisir entre manger et être mangées”, explique Graham Weale, directeur des analyses sur l’énergie en Europe au sein du cabinet Global Insight.

“Plus elles grossissent, plus elles deviennent difficiles à absorber. L’acquisition de Scottish Power par Iberdrola est d’abord une action défensive de la part d’Iberdrola, qui rend son rachat plus difficile, même s’il est encore possible”, ajoute l’analyste.

Le président du groupe espagnol, Ignacio Galan, a souligné au contraire que l’opération répondait à “une stratégie d’expansion internationale” et lui donnerait “une dimension communautaire” pouvant faciliter d’autres rapprochements en Espagne, où le géant de la construction ACS, principal actionnaire d’Iberdrola, contrôle aussi son concurrent Union Fenosa.

En même temps, les entreprises espagnoles, fortes de la croissance économique de leur pays, sont de plus en plus nombreuses à racheter des concurrentes britanniques.

Après la banque Abbey National, tombée dans le giron du groupe Banco Santander Central Hispano en 2004, l’opérateur de téléphonie mobile O2 a été racheté par Telefonica en 2005 et le gestionnaire des principaux aéroports britanniques, BAA, a été repris cette année par Grupo Ferrovial.

“L’Espagne a été longtemps tournée vers l’Amérique du Sud, mais les perspectives économiques de pays comme l’Argentine se sont dégradées et il y a un clair mouvement de réorientation des entreprises espagnoles vers l’Europe”, constate Graham Weale.

 28/11/2006 18:16:59 – © 2006 AFP