L’OCDE s’inquiète de la présence grandissante en Russie de l’Etat actionnaire

 
 
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Le logo de Gazprom, sur un immeuble de Moscou, le 1er juillet 2006 (Photo : Alexander Nemenov)

[27/11/2006 10:46:15] MOSCOU (AFP) L’OCDE s’inquiète de la “présence grandissante de l’Etat actionnaire” en Russie dans l’ensemble des secteurs jugés “stratégiques”, notamment celui du gaz tenu par l'”insatiable” Gazprom, y voyant une menace à la croissance actuelle, dans un rapport publié lundi.

“La présence grandissante de l’État actionnaire doit être considérée comme un recul”, observe l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son Etude économique de la Russie en 2006.

L’OCDE note “une nette tendance à l’expansion de l’État actionnaire et à des interventions directes dans des secteurs +stratégiques+ comme le pétrole, l’aviation, les équipements de production d’électricité, l’automobile et la finance”. Elle juge “particulièrement préoccupant (…) l’appétit apparemment insatiable du monopole gazier public Gazprom pour l’acquisition de nouveaux actifs, souvent aux dépens d’un recentrage sur son coeur de métier”.

Ce groupe en situation de monopole pour les exportations de gaz a acquis en septembre près de 20% du second producteur de gaz russe, Novatek, et mène une politique agressive d’implantation sur les marchés européens. Il s’intéresse aussi de près à des acquisitions dans les médias.

Mais “le bilan de l’État en tant que propriétaire de sociétés industrielles et financières est médiocre”, met en garde l’OCDE. Et en l’absence de restructuration du secteur, “le maintien de la production gazière russe est de plus en plus incertain”, selon le rapport, alors que Gazprom est critiqué pour la faible modernisation de son réseau.

“La gouvernance de beaucoup d’entreprises contrôlées par l’État reste problématique”, note l’OCDE, qui souligne le problème de “l’ingérence étatique” dans ces sociétés et leur peu de transparence. Gazprom est largement accusé d’être utilisé comme une arme politique par le Kremlin, par le biais de hausses de tarifs réclamées à ses voisins de l’ex-URSS.

Le pétrolier Rosneft, développé sur les ruines de Ioukos, ou la société en situation de monopole d’exportation d’armes, Rosoboronexport, qui a récemment pris le contrôle du géant du titane VSMPO-Avisma, illustrent aussi cette montée en puissance de l’Etat russe dans l’économie. “Il est probable que l’accroissement de la présence de l’État dans des secteurs importants contribuera à (…) ralentir leur croissance”, ajoute l’OCDE.

Le ministre du Développement économique Guerman Gref a revu à la hausse la semaine dernière ses prévisions de croissance du PIB russe en 2006, à 7%. “Sur la période 1999-2005, le PIB réel a progressé de 6,7% en moyenne”, une augmentation tirée par la consommation intérieure malgré une baisse des exportations et une “flambée” des importations, rappelle l’OCDE, inquiète de ce que les investissements restent “relativement faibles”. Déjà, “l’augmentation de la production pétrolière, principal moteur de la croissance en 2000-03, s’est notablement ralentie”, note l’organisation.

“Enfin, l’influence de la hausse des cours des matières premières sur la croissance va inévitablement s’atténuer”, ajoute l’OCDE, qui évoque le peu de réformes de fonds menées, notamment pour lutter contre la corruption ou pour améliorer le système de santé, dont la situation reste “extrêmement sombre”.

Le rapport évoque cependant le “potentiel d’innovation” de la Russie, avec une population éduquée et “de solides bases scientifiques” permettant le développement de nouvelles technologies, freiné actuellement par le poids du secteur public.

 27/11/2006 10:46:15 – © 2006 AFP