Affaire Mannesmann : abandon des poursuites contre l’ensemble des prévenus

 
 
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Le patron de la Deutsche Bank Josef Ackermann au palais de justice de Düsseldorf, le 24 novembre 2006 (Photo : Franck Augstein)

[24/11/2006 16:46:18] FRANCFORT (AFP) La justice allemande a décidé vendredi d’abandonner les poursuites dans l’affaire Mannesmann contre le patron de Deutsche Bank, Josef Ackermann, qui va se débarrasser définitivement de ce boulet judiciaire contre le versement de 3,2 millions d’euros.

Pour le patron de la première banque allemande, cette décision met fin à un douloureux feuilleton, long de près de six ans. Surtout, elle lui permet d’envisager avec sérénité son avenir à la tête de l’institut bancaire jusqu’à la fin de son contrat actuel, qui arrive à terme en 2010.

Le Suisse s’était en effet engagé à démissionner en cas de condamnation.

Le Parquet de Düsseldorf (Ouest) a annoncé vendredi avoir accepté la proposition faite par les avocats des six prévenus, jugés dans cette affaire pour abus de confiance aggravé ou complicité, d’abandonner les poursuites en échange d’une compensation financière. La justice allemande offre en effet la possibilité d’un tel règlement à l’amiable, avec l’accord de toutes les parties.

Cette décision devrait être entérinée mercredi prochain par le tribunal de Düsseldorf, qui juge depuis début octobre en deuxième instance l’affaire Mannesmann.

M. Ackermann a fait savoir lors de l’audience vendredi qu’il était prêt à verser cette somme de “sa propre poche”. Les autres prévenus n’auront pas à débourser autant. L’ancien patron de Mannesmann, Klaus Esser, devrait s’acquitter de 1,5 million d’euros et l’ancien président du conseil de surveillance Joachim Funk d’un million d’euros.

L’ancien dirigeant du syndicat IG Metall et ex-membre du conseil de surveillance de Mannesmann, Klaus Zwickel, devrait débourser 60.000 euros, l’ancien dirigeant du comité d’entreprise du conglomérat, Jürgen Ladberg, 12.500 euros et un ancien responsable des ressources humaines, Dietmar Droste, 30.000 euros, énumère le Parquet dans un communiqué.

Un tel dénouement semblait encore très improbable lors de l’ouverture de ce nouveau procès Mannesmann il y a quelques semaines. Plus gros scandale financier de l’après-guerre, l’affaire porte sur le rachat en 2000 du conglomérat allemand par le groupe britannique Vodafone, à l’issue d’une bataille boursière qui s’était transformée en opération amicale.

Le conseil de surveillance de Mannesmann, réuni en un comité restreint où siégeait notamment M. Ackermann, avait décidé de verser en tout pour 57 millions d’euros d’indemnités à l’issue de la transaction.

Les prévenus avaient bénéficié en 2004 d’une relaxe générale. Mais le Parquet avait immédiatement déposé un recours et la Cour fédérale de justice, la plus haute juridiction allemande, avait cassé ce jugement, estimant que le versement de ces bonus avait correspondu à des “cadeaux” et que les prévenus s’étaient comportés en “seigneurs”.

Ces critiques sévères avaient conduit des observateurs à penser que cette fois-ci, le tribunal se montrerait moins indulgent et que les prévenus pourraient bien risquer une condamnation.

Mais le Parquet en a décidé autrement et s’est rallié aux arguments de la défense. Il estime ainsi dans son communiqué que “les versements de primes n’ont menacé ni l’existence, ni l’efficacité de Mannesmann”. De plus, seuls deux des prévenus, M. Esser et M. Funk, ont profité personnellement de l’octroi de ces gratifications, rappelle le Parquet. Le premier avait touché 16 millions d’euros de primes et le second trois millions.

Ce règlement à l’amiable ne revient pas à “brader la justice, mais correspond à la situation juridique et est appropriée”, justifie encore le Parquet.

Avec cet accord, les prévenus sortent de ce procès sans être condamnés, mais sans être non plus blanchis. Toutes les parties font en tout cas l’économie de longues heures au tribunal. Le procès était en effet prévu pour durer jusqu’en février 2007.

 24/11/2006 16:46:18 – © 2006 AFP