Une fondation “public-privé” pour ouvrir Saint-Cyr aux entreprises

 
 
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Des élèves des écoles militaires de Saint-Cyr-Coëtquidan défilent sur les Champs-Elysées à Paris, le 14 juillet 2006 (Photo : Mehdi Fedouach)

[22/11/2006 11:08:48] SAINT-CYR COETQUIDAN (AFP) Les écoles militaires de Saint-Cyr-Coëtquidan vont s’ouvrir au monde de l’entreprise avec la création d’ici la fin de l’année d’une fondation à capitaux privés destinée à valoriser leur expérience unique en matière de formation au commandement.

La Fondation Saint-Cyr apportera aux écoles de Coëtquidan, qui forment depuis deux siècles les officiers de l’armée de terre et de la gendarmerie, “une ouverture accrue vers le monde extérieur”, souligne le général Nicolas de Lardemelle, commandant des écoles.

Dotée d’un capital initial de 2,5 millions d’euros, elle rassemblera quinze membres fondateurs publics et privés dont les représentants se sont réunis mardi pour la première fois à Saint-Cyr: des grandes entreprises comme AXA, Total, Bouygues, Suez, PPR, Sagem, Renault Trucks ou le groupe Doux, mais également le missilier MBDA (groupe EADS) ou le ministère de la Défense via la Délégation générale pour l’armement.

“Le dossier juridique et économique a été bouclé. Nous attendons dans les prochains jours la reconnaissance d’utilité publique par le Conseil d’Etat, puis la publication avant la fin de l’année du décret créant la fondation”, a indiqué Jean-Claude Hugonnard, secrétaire général de l’association formée pour porter le projet.

Lancé à l’automne 2004 avec la bénédiction de la haute hiérarchie militaire et de la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, le projet a suscité des remous au sein de l’institution militaire, certains officiers s’inquiétant du risque de voir la formation des officiers “tomber sous la coupe d’intérêts privés”.

Les promoteurs du projet ont toutefois souligné que la fondation, dont le budget annuel initial s’élève à 700.000 euros, n’avait pas vocation à prendre part à l’enseignement initial des élèves-officiers.

Elle devrait en revanche permettre de créer des chaires d’enseignement ou de recherche en partenariat avec des entreprises ou d’autres grandes écoles, d’organiser des formations pour les entreprises, ou des colloques.

L’objectif est de hisser Saint-Cyr dans le peloton de tête des grandes écoles française et des académies militaires étrangères, qui pratiquent couramment les partenariats “public-privé” pour financer leur enseignement.

Cette ouverture a séduit les entreprises. “La formation des cadres au leadership, rarement enseignée dans les grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs, n’est jamais suffisante. C’est ce que nous venons chercher ici”, explique Alain Luchez, directeur des ressources humaines chez PPR.

“Saint-Cyr a une expérience indiscutable en matière de formation au leadership, qui nous intéresse pour nos propres cadres”, confirme Paul Garrido, responsable des relations humaines chez Bouygues-Construction.

Sans attendre la mise en place de la fondation, Saint-Cyr a accueilli pour la première fois en septembre une soixantaine d’élèves d’HEC, la plus prestigieuse des écoles de commerce française, pour un stage qui les a confrontés à “l’action collective et à l’exercice du leaderhip”. Une expérience qui sera reconduite et élargie à une centaine d’élèves en 2007.

Et le groupe volailler Doux a inauguré cette semaine les stages destinés aux entreprises, en envoyant une vingtaine de ses cadres se frotter aux méthodes par lesquelles l’armée entraîne ses futurs officiers à la prise de décision en situation de stress.

 22/11/2006 11:08:48 – © 2006 AFP