Quand la Chine s’immisce dans les stands du marché de Noël de Strasbourg

 
 
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Un commerçant prépare son stand avec des produits en provenance de Chine au marché de Noël de Strasbourg, le 21 novembre 2006 (Photo : Olivier Morin)

[22/11/2006 10:34:26] STRASBOURG (AFP) Les commerçants du traditionnel marché de Noël de Strasbourg qui vendront cette année encore bougies, boules en verre et autres santons par milliers continuent de défendre un marché authentique malgré l’apparition des produits “Made in China”.

Installé au bout du “Christkindelsmaerik” -le site originel-, le stand du chalet d’Albert Charon est en préparation avant l’ouverture au public, prévue samedi. Une gigantesque composition en plâtre peint est extirpée d’un carton: un village enneigé, perché sur un flanc de montagne.

“C’est moi qui les fabrique. Ca me demande deux semaines de travail”, dit l’employé en plaisantant. Avant de se reprendre: “Non, non bien sûr, ça vient de Taïwan, ça reviendrait trop cher de faire ça chez nous.”

Chez ce vendeur, les produits importés d’Asie sont les plus chers. Des compositions vendues entre 25 et 130 euros pièce, avec des paysages d’hiver faits de maisons à colombages portant des noms anglais, “Village Inn” ou “Train-station”.

Plus haut, on peut même apercevoir une imitation de Notre-Dame de Paris dont la couleur rappelle étrangement le grès rose de la cathédrale de Strasbourg. Et dans ses bacs, des moutons et des ânes en plastique “forcément chinois”.

“Les gens me demandent d’où ça vient. Je leur dis, car il faut être franc”, explique-t-il.

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Derniers préparatifs au marché de Noël de Strasbourg, le 21 novembre 2006 (Photo : Olivier Morin)

Bernard Meigel, lui, continue de se fournir essentiellement en Allemagne et n’a pas voulu succomber au “tout chinois”. “Ils font des boules en Chine, mais leur éclat, leurs reflets, leurs jointures sont beaucoup moins beaux”, selon lui.

Mais ses guirlandes électriques, autrefois fabriquées en Allemagne, le sont aujourd’hui en Chine sous la même marque.

Pour balayer les idées reçues, selon lesquelles le marché serait devenu un marché “authentoc”, il exhibe fièrement une chope de bière portant la mention “Marché de Noël de Strasbourg”, de “fabrication artisanale, peinte à la main et numérotée”, un roi-mage à 12 euros fabriqué en Haute-Provence, et des arcs de lumières fabriqués en Suède.

“On nous reproche toujours d’être trop chers par rapport à la grande distribution. Mais ici, vous êtes conseillé et ça a plus de charme”, se défend-il.

Estelle Hoffmann qui fait le marché de Strasbourg depuis 25 ans propose des bougies et objets de décoration pour sapin en provenance d’Allemagne.

Tous les ans, comme la plupart des commerçants, elle va s’approvisionner à la foire des marchés de Noël de Francfort (Allemagne) “où, c’est vrai, la Chine est très présente”, admet-elle.

La présence des produits chinois sur le marché de Noël de Strasbourg est, selon elle, discrète mais bien réelle, y compris sur son stand: “ce sont ces petits objets en polystyrène peint”. “On le sait, on le voit au prix”, plus modeste, regrette-t-elle, expliquant que “parfois les gens n’achètent pas quand on leur indique la provenance”.

Comme presque tous les commerçants de la place, elle vend aussi des santons, fabriqués en France. “Les connaisseurs savent faire la différence”, assure-t-elle. Ses boules, comme bon nombre de ses concurrents, sont polonaises ou tchèques.

Son frère Franck qui tient le chalet à l’entrée du marché assure pourtant qu’il n’y aura jamais une invasion de produits chinois: “on pourrait le faire, mais on ne le fera pas. Si on le faisait, ça ne serait plus un marché de Noël…”

 22/11/2006 10:34:26 – © 2006 AFP