L’emploi ralentit en France, les économistes s’interrogent sur l’évolution du chômage

 
 
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Une femme et son enfant entrent dans une ANPE, le 27 janvier 2004 à Caen (Photo : Mychèle Daniau)

[17/11/2006 12:40:05] PARIS (AFP) La faiblesse de la création d’emplois salariés dans le secteur concurrentiel au 3e trimestre, selon les chiffres provisoires diffusés vendredi par le ministère de l’Emploi (+0,1% soit +14.500 postes), inquiète les économistes qui s’interrogent sur la solidité et la nature de la baisse du chômage.

La France continue de créer des emplois salariés dans le secteur privé, au rythme de +0,9% (+131.900 postes) sur un an, mais la courbe a nettement ralenti, en particulier dans le secteur tertiaire, qui inclut l’intérim.

Depuis la reprise des effectifs salariés entamée au deuxième trimestre 2005, le troisième trimestre 2006 est le plus maigre en créations d’emploi.

La performance est quatre fois inférieure au deuxième trimestre (+0,2%, +58.200 postes) où l’intérim avait largement joué les pompiers de l’emploi.

“Mou”, “intrigant” : les économistes n’ont pas manqué de réagir vendredi, même s’ils n’attendaient pas de miracle après la déception réservée par les chiffres du PIB, à savoir une croissance zéro au 3e trimestre.

“Les entreprises ont mis les deux pieds sur le frein (de l’embauche) au deuxième trimestre et sont instantanément ajustés à la conjoncture, même dans le secteur des services”, relève Nicolas Bouzou, économiste chez Asteres.

La perspective d’un fléchissement de croissance en 2007 ajoute aux craintes pesant sur “le cercle vertueux” de baisse du chômage, dans lequel le ministre de l’Emploi Jean-Louis Borloo assurait récemment que la France était rentrée.

“Une question s’impose : comment le chômage peut-il baisser aussi fortement avec si peu de créations d’emploi ?”, s’interroge Marc Touati, économiste chez Natexis Banques populaires.

Le chômage concernait 8,8% de la population active en septembre, contre 9,6% en janvier.

Certaines explications, à ce que certains de ses confrères qualifient de “trou statistique”, est à chercher du côté de la démographie, des départs en retraite, et de l’emploi aidé.

“Seul un tiers de la baisse du chômage est dû à de véritables créations d’emplois. Les deux autres tiers sont dus au papy-boom, à la plus grande rigueur dans la comptabilisation du nombre de chômeurs et au traitement social du chômage, au travers des emplois subventionnés, des stages, contrats de formation, etc.”, estime M. Touati.

“On se laisse un peu griser par une baisse du chômage extraordinaire et on pense que ces chiffres correspondent à des créations d’emploi, mais en réalité, ils tiennent au fait que la population active progresse moins qu’au début des années 2000”, juge de son côté Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

La décomposition par secteur d’activité ne laisse pas d’inquiéter car la majeure partie des créations d’emploi du 3e trimestre sont à mettre au compte du BTP, où une baisse de régime est attendue par plusieurs économistes.

La construction a étoffé ses effectifs salariés de +0,8% sur le trimestre (+11.300), ce qui représente une progression de +4% sur un an (+53.400 postes).

Dans le tertiaire, qui inclut l’intérim et qui a le plus créé des emplois en un an (+1,5%, +156.200 postes), la progression a ralentit à +0,2% sur le trimestre (+20.700).

L’industrie reste sur la mauvaise pente, en particulier le secteur manufacturier, où certaines branches sont particulièrement exposées aux difficultés du commerce extérieur.

Les pertes d’emplois industriels entamées depuis cinq ans ont atteint -0,5% sur le 3e trimestre (-17.400) et -2% sur un an (-77.600 postes).

 17/11/2006 12:40:05 – © 2006 AFP