[17/10/2006 11:07:34] PARIS (AFP) Très recherchées depuis trois ans pour leurs performances globalement très supérieures à celles des valeurs vedettes, les petites capitalisations françaises et européennes marquent aujourd’hui le pas, au point que nombre d’experts suggèrent désormais de s’en détourner. Depuis le début de l’année, le CAC Small 90, l’indice qui regroupe les 90 plus petites capitalisations du SBF 250, l’indice élargi de la Bourse de Paris, n’a progressé que de 5,40% alors que le CAC 40 a gagné 13,72%. “On assiste à un retournement de tendance”, constate Alain Bokobza, responsable de la stratégie chez Société Générale. “Les petites capitalisations européennes vont arrêter de surperformer”, annonce-t-il. Ces petites sociétés cotées, dont la valeur boursière ne dépasse pas un milliard d’euros, attiraient jusqu’ici les investisseurs pour leur potentiel de croissance, leur faible valorisation constituant une option intéressante dans le cadre d’une diversification de portefeuille. Avec la crise boursière de 2001, “beaucoup de monde est sorti du marché, provoquant un flux naturel vers les petites capitalisations”, explique Arnaud Riverain, responsable de la recherche chez Arkeon Finance. Mais ces petites valeurs, parmi lesquelles Etam, Fleury Michon ou Mr Bricolage, pâtissent ces derniers mois de plusieurs facteurs, selon les analystes. La progression de leur valorisation tout d’abord, presque ininterrompue depuis trois ans, qui leur a ôté le label de bonnes affaires. “Le marché paye désormais très cher les petites et moyennes valeurs”, affirme Pierre-Yves Gauthier, directeur de la stratégie chez Oddo Securities. Entre mars 2003 et mai 2006, l’indice CAC Small 90 est ainsi passé de 2.469,41 points à 8.710,94, l’équivalent d’une multiplication par 3,5 alors que le CAC 40 se contentait, dans le même temps, de doubler. Autre facteur, les standards de progression des résultats de beaucoup de ces PME à fort potentiel de croissance. “Il fallait bien que ça s’arrête à un moment donné”, explique M. Riverain, soulignant que “ces sociétés ne pouvaient pas gagner 2 ou 3 points de marge tous les ans indéfiniment”. Si la plupart des analystes reconnaissent que les petites capitalisations ne feront pas aussi bien cette année que le CAC 40, les avis divergent sur leur évolution à moyen terme. La Société Générale met notamment en garde contre les caractéristiques cycliques de ces valeurs, où l’industrie et les biens d’équipement sont plus représentés que chez les grosses capitalisations. Ces petites capitalisations risqueraient donc de souffrir davantage en période de ralentissement économique, qui se profile à la fois aux Etats-Unis et en Europe. Les analystes soulignent également que l’afflux de liquidités en provenance du marché obligataire, consécutif à la fin du cycle de relèvement des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed), devrait surtout profiter aux valeurs vedettes. Un flux qui ferait donc progresser les poids lourds de la cote encore plus rapidement que les petites capitalisations. “Il y aura probablement une surperformance pour les grosses capitalisations jusqu’à fin 2007”, anticipe M. Riverain. Formidable filon jusque-là, les petites capitalisations rentrent donc dans le rang. Mais pour nombre d’investisseurs, elles n’ont pas pour autant perdu toutes leurs vertus. “Les boîtes qui vont doubler” leur cours de Bourse “dans les douze mois, vous ne les trouverez pas chez les grosses capitalisations”, résume Stéphane Radiguet, en charge des valeurs moyennes chez Raymond James. “Jusqu’ici, il suffisait de se baisser pour trouver des bonnes affaires. Aujourd’hui, il faut chercher”, conclut-il. |
||
|