Russie : un ministère demande un contrôle fiscal des licences de Loukoïl

 
 
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Oleg Mitvol, le numéro 2 du service russe de contrôle de l’environnement, à Sakhaline le 29 septembre 2006 (Photo : Denis Sinyakov)

[16/10/2006 16:30:52] MOSCOU (AFP) Le Service russe de contrôle de l’environnement (Rosprirodnadzor) a demandé des contrôles fiscaux sur toutes les licences du numéro un pétrolier russe Loukoïl et “vérifie” les activités du numéro deux Rosneft à Sakhaline, a indiqué lundi un haut responsable russe.

“Nous avons des informations selon lesquelles ils (Loukoïl) ne paient pas leurs impôts et royalties. Nous voulons savoir ce qui se passe”, a affirmé Oleg Mitvol, le numéro deux de Rosprirodnadzor, qui dépend du ministère russe des Ressources naturelles.

Rosprirodnadzor “s’est adressé au Service fédéral du fisc pour demander des informations sur le paiement des droits d’exploitation des gisements” concernant 398 licences appartenant aux filiales de Loukoïl, a précisé le ministère des Ressources naturelles, dans un communiqué.

Lors d’une conférence de presse, M. Mitvol, revenant sur ses inspections de gisements dans le nord de la Russie, a accusé Loukoïl de n’avoir pas réglé des problèmes de pollution consécutifs à un écoulement de 140.000 tonnes de pétrole en 1994, près d’Oussinsk (nord).

Plus généralement, il a critiqué les compagnies, russes et étrangères, travaillant en Russie.

“Ces derniers temps, les compagnies obtenaient des licences mais ne faisaient rien avec ces gisements (…) et gagnaient de l’argent, alors que l’Etat ne recevait pas de dividendes sur l’extraction des ressources”, a accusé M. Mitvol.

“Si les compagnies ne veulent pas faire d’extraction, elles doivent rendre les gisements”, a-t-il ajouté.

“Les mêmes vérifications (que pour Loukoïl) attendent les autres compagnies”, a menacé le responsable.

Interrogé sur le géant gazier russe Gazprom, il est resté flou, déclarant seulement : “nous allons bien sûr aussi vérifier Gazprom”.

Le Rosprirodnadzor avait menacé vendredi Loukoïl d’un possible retrait des licences sur vingt de ses gisements en Russie s’il ne se mettait pas en conformité avec les conditions d’exploitation définies dans les contrats.

Rosprirodnadzor est également “en train de vérifier” les activités de Sakhalinmorneftegaz, une filiale de Rosneft, a indiqué M. Mitvol. Ces vérifications sont menées dans deux localités de l’île de Sakhaline en Extrême-Orient russe, “Nogliki et Okha”, a-t-il précisé.

“L’attaque contre les compagnies russes Loukoïl et Rosneft (…) vise à montrer que les reproches faits par les autorités russes, y compris dans le domaine écologique, ne concernent pas seulement le projet de Sakhaline-2” conduit par le pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell et deux sociétés japonaises, commentait lundi le quotidien Kommersant.

Les autorités russes ont été obligées de vérifier toutes les compagnies, y compris russes, travaillant à Sakhaline “pour montrer que leur attention envers les problèmes écologiques de Sakhaline-2 n’est pas une attaque politique”, estime un responsable du Fond mondial pour la nature (WWF), Evgueni Chvarts, cité par Kommersant.

Le ministère des Ressources naturelles a ordonné dernièrement des vérifications sur le respect de l’environnement par le projet Sakhaline 2, suscitant des craintes en Occident d’une décision politique visant à écarter les sociétés étrangères du projet ou à renégocier les contrats.

Dans la foulée, il a annoncé des “vérifications” des conditions d’exploitation des gisements du groupe russo-britannique TNK-BP et de celui du français Total à Khariaga dans le Grand nord russe.

 16/10/2006 16:30:52 – © 2006 AFP