L’économie française sous l’épée de Damoclès d’Airbus

 
 
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Des salariés d’Airbus devant le nouvel A380 présenté officiellement le 18 janvier 2005 à Blagnac (Photo : Georges Gobet)

[11/10/2006 06:13:54] PARIS (AFP) La production industrielle française a relevé la tête en août après le fort recul du mois de juillet, mais les économistes redoutent un décrochage, à l’image de celui que connaît le commerce extérieur, et qui pourrait être encore accentué par la crise que traverse Airbus.

La production industrielle française a enregistré en août une hausse de 0,8%, plutôt une bonne nouvelle après un recul de 1,4% en juillet. Le secteur automobile en particulier, après deux mois catastrophiques, redémarre (+3,6%), selon les données publiées mardi par l’Insee.

De quoi, en apparence, se consoler d’un nouveau creusement du déficit du commerce extérieur sur le même mois d’août, à 3,535 milliards d’euros, ce qui porte le déficit cumulé sur les douze derniers mois à près de 28 milliards, un record.

Mais, pour les économistes, il y a plus de points communs que de différences entre ces deux indicateurs, qui mettent en évidence des faiblesses structurelles, et non conjoncturelles, de l’économie française.

Ainsi, le déficit commercial a continué de se creuser en août par rapport à juillet sans que l’on puisse attribuer cette détérioration à l’énergie, “sachant que le déficit s’est amoindri de plus de 200 millions dans ce secteur”, souligne Alexander Law, du cabinet d’analyses sectorielles Xerfi.

Côté production industrielle, ce même analyste rappelle que malgré le rebond du mois d’août, l’évolution “en glissement annuel n’atteint péniblement que 0,9% tandis qu’en Allemagne ce même indicateur dépasse les 7%”.

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Terminal de conteneurs du Port autonome de Marseille à Fos-sur-Mer (Photo : Gérard Julien)

Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès, qui qualifie le rebond de la production automobile de “quasi technique”, préfère noter la forte chute du secteur des biens d’équipements (-1,8% en août), signe d’un “décrochage de l’effort d’investissement des entreprises françaises”.

Or, tous ces signes inquiétants risquent d’être amplifiés dans les prochains mois par la crise que traverse Airbus à la suite de l’annonce de retards dans son programme d’avion géant A380, notent les économistes avec ensemble.

Alexander Law relève qu’en août, “dans le secteur des biens d’équipements, l’activité a été pénalisée par la contre-performance dans le secteur naval et aéronautique”, ce qui est “inquiétant” pour l’avenir, “eu égard à l’importance d’Airbus dans l’industrie et le commerce extérieur français”.

“Les déboires d’EADS (maison mère d’Airbus) ne sont pas neutres pour l’économie française”, souligne aussi Nicolas Bouzou, estimant que “le secteur des biens d’équipement, qui avait jusqu’ici constitué le seul véritable soutien à l’industrie française, semble avoir amorcé la phase descendante de son cycle”.

Pour Marc Touati (Natexis Banques populaires), qui insiste plutôt sur l’évolution “inquiétante” du commerce extérieur, le plus grave est qu’actuellement, ce sont les exportations d’Airbus qui “permettent de limiter les dégâts” et que “si elles n’étaient pas là, le déficit serait augmenté d’une dizaine de milliards d’euros”.

Au final, résume Alexander Law, “l’industrie française n’a donc réglé en rien ses problèmes structurels de compétitivité et sa dépendance vis-à-vis de certains secteurs clés comme l’automobile ou l’aéronautique”.

Les analystes pensent que c’est l’économie française dans son ensemble qui en souffrira au cours des prochains trimestres et que, même si la croissance parvient à atteindre 2,3% cette année, comme le prévoit l’Insee, 2007 “s’annonce difficile”.

 11/10/2006 06:13:54 – © 2006 AFP