L’économie américaine a créé 51.000 emplois seulement en septembre

 
 
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Une femme à la recherche d’un emploi, le 2 février 2006 à Oakland, en Californie (Photo : Justin Sullivan)

[06/10/2006 15:07:28] WASHINGTON (AFP) L’économie américaine a créé 51.000 emplois seulement en septembre, soit le plus bas niveau en un an, mais la baisse du chômage rassure les analystes qui voient se confirmer le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie.

C’est le niveau d’embauches le plus faible depuis octobre 2005, et les économistes ont été déçus par ce chiffre très inférieur à leurs attentes (120.000).

Mais dans le même temps le chômage a baissé pour le deuxième mois consécutif à 4,6% de la population active, et les embauches des mois précédents ont été révisées en forte hausse avec 188.000 créations d’emplois en août.

Aussi les analystes tenaient-ils à relativiser la faiblesse apparente du rapport.

“Si on additionne le tout, cela suggère une activité plutôt forte sur le marché de l’emploi. Les embauches devraient augmenter autour de 100.000 à 115.000 dans les mois à venir”, estime Drew Matus de Lehman Brothers.

Le tertiaire est le secteur qui a le plus créé d’emplois (62.000), surtout dans l’éducation et la santé (15.000) alors que le commerce de détail en supprimait 12.000.

L’industrie a supprimé 19.000 emplois, notamment dans les secteurs liés à la construction résidentielle. Le ralentissement de l’immobilier a aussi pesé sur le bâtiment qui a malgré tout réussi à créer 8.000 emplois grâce à la demande pour les immeubles commerciaux.

“Il faut voir si c’est le début d’une décélération des embauches ou juste un mois de faiblesse. Si la tendance continue, je serais très inquiète pour l’économie américaine”, note Beata Caranci de TD Bank Financial Group.

En effet, les économistes jugent qu’il faut de 125.000 à 150.000 créations d’emplois pour absorber la hausse de la population active.

Mais Mme Caranci attribue plutôt ces chiffres médiocres au “conservatisme des entreprises depuis 2001”. “Elles ont des stocks très bas, et elles appliquent sans doute la même prudence aux embauches”, explique-t-elle.

La majorité des économistes estime que ce rapport valide le scénario de la Réserve fédérale (Fed), qui avait préféré laissé son principal taux directeur inchangé à 5,25% lors de ses deux dernières réunions pour ne pas étouffer la croissance.

“Le rythme des embauches en septembre va dans le sens d’un atterrissage en douceur de l’économie avec une croissance autour de 3% au second semestre”, estime Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland. “Dans les mois à venir, l’affaiblissement du marché du travail va faire plafonner les salaires et aider à contenir l’inflation”, selon lui.

La Fed fait le pari que le ralentissement de la croissance permettra de juguler l’inflation.

De ce point de vue, le rapport de septembre envoie des signaux mitigés.

Les salaires horaires ont progressé de 0,2% cent à 16,84 dollars, ce qui est inférieur aux attentes des analystes. Mais la hausse a atteint 4% sur un an, et il faut remonter à mars 2001 pour trouver une augmentation plus forte.

Beaucoup d’analystes continuent cependant de penser que la banque centrale va privilégier le ralentissement économique sur la menace inflationniste.

“Nous pensons que la Fed va baisser ses taux d’un point en début d’année prochaine. Cela permettrait aux consommateurs d’augmenter leurs dépenses et d’amortir le ralentissement du marché du travail”, estime Mme Caranci.

D’autres au contraire soulignent que la Fed a multiplié les signaux d’alertes sur les prix ces dernières semaines. “Je ne serais pas surpris si la Fed durcissait son langage sur l’inflation” lors de sa prochaine réunion, le 24 octobre, avertit l’économiste indépendant Joel Naroff.

 06/10/2006 15:07:28 – © 2006 AFP