Michelin joue à nouveau la carte de l’innovation pour tenter de rester n°1

 
 
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Pneus Michelin (Photo : Pierre Andrieu)

[31/08/2006 16:25:14] CLERMONT-FERRAND (AFP) Michelin tente de garder sa longueur d’avance avec une nouvelle innovation, un pneu poids lourd capable de se régénérer une fois usé aux deux tiers, et de justifier plus aisément ses hausses des prix liées à la flambée des matières premières.

Le numéro un mondial du pneumatiques a annoncé jeudi à son siège de Clermont-Ferrand qu’il allait investir 400 millions d’euros d’ici 2011 pour adapter trois usines européennes et deux américaines à la production de ces pneumatiques présentés comme plus performants et plus durables.

Après plus de 150.000 kilomètres en moyenne, soit les deux tiers des kilomètres traditionnellement parcourus par un poids lourd, de nouvelles sculptures apparaissent progressivement et automatiquement dans le pneumatique.

Moins lisse en surface malgré l’usure, le pneu retrouve une meilleure adhérence à la route, selon le manufacturier.

“C’est une innovation de même envergure que l’apparition du pneu radial il y a 60 ans”, a affirmé lors d’une conférence de presse Pete Selleck, directeur de la branche poids lourd, qui représente 28% du chiffre d’affaires mais 37% du bénéfice net du groupe. Il a salué “un vrai saut technologique qui sera peut-être un jour sur les voitures de M. Tout le Monde”.

Cette technologie “améliore l’adhérence et la motricité des pneus notamment sur un sol mouillé (+30%) ou neigeux (+15%), tout en augmentant leur durée de vie de 25%, ce qui répond aux besoins de transporteurs routiers en quête d’une sécurité accrue et d’une réduction des coûts d’exploitation”, a-t-il ajouté.

Michelin, qui consacre 3,6% de son chiffre d’affaires annuel à la recherche (565 millions d’euros en 2005), fait valoir que “les pneus sont renouvelés moins souvent, les matières premières et l’énergie nécessaires à leur fabrication sont alors préservés”. “Le rendement kilométrique du pneu est prolongé, et l’environnement est protégé”, selon le manufacturier.

Une promesse de performance qui permet au groupe français d’envisager pour ce nouveau produit des prix supérieurs d’au moins 3% à 4% aux tarifs actuels, qui avoisinent 400 à 500 euros pour un pneumatique poids lourd.

“Et peut-être augmenterons-nous encore les prix si la demande est plus forte que prévu”, a prévenu M. Selleck.

Le marché des pneumatiques pour poids lourd reste difficile. Il devrait stagner cette année en Europe et reculer en Amérique du nord, dans un contexte économique peu porteur et de hausse des prix du caoutchouc naturel, qui entre pour 40% dans la fabrication des pneus poids lourd contre moins de 20% pour les pneus de voitures.

Si Michelin pratique traditionnellement des tarifs plus élevés que ses concurrents justifiés par des innovations accrues, il multiplie ces derniers mois les augmentations de prix pour contrer l’impact de la flambée des matières premières, à commencer par le caoutchouc naturel.

Le fabricant de pneumatiques, dont le bénéfice net a chuté de 29% au premier semestre, a annoncé début août une augmentation des prix de la plupart de ses pneumatiques “comprise entre 6 et 8%” et applicable à partir du 1er octobre, en raison de la hausse du prix des matières premières. Mais les clients des équipementiers automobiles rechignent à payer plus cher.

Michelin est “encore en retard aujourd’hui, avec ses augmentations de prix, sur les hausses de coûts des matières premières”, a affirmé le patron de la branche poids lourd.

 31/08/2006 16:25:14 – © 2006 AFP