Le chômage économique mine l’usine Renault de Sandouville

 
 
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Un ouvrier travaille sur une Laguna nouvelle génération, le 13 septembre 2000, sur une chaîne de montage de l’usine automobile Renault à Sandouville. (Photo : Fred Tanneau)

[31/08/2006 15:18:54] LE HAVRE (AFP) L’usine Renault de Sandouville, près du Havre, qui souffre de la mévente des modèles haut de gamme, sera affectée en septembre par une vague sans précédent de onze journées de chômage économique partiel.

Aucun modèle fabriqué dans cette usine n’est épargné, pas même l’Espace, le numéro un dans sa catégorie depuis plus de vingt ans, dont les ventes en Europe ont baissé de 21% au premier semestre, selon les chiffres de Renault. Mais la chute a été encore plus dure pour la Laguna (-23%) et la Vel Satis (-40%), qui a toujours peiné à trouver une clientèle.

Pour s’adapter à cette nouvelle donne, l’usine qui emploie 4.700 salariés a cessé d’employer des intérimaires, réduit le nombre d’équipes sur les chaînes et transféré temporairement du personnel sur d’autres sites déficitaires. Mais ces mesures n’ont pas suffit et, depuis 2005, la direction a recours massivement au chômage économique partiel.

Quarante journées ont ainsi été partiellement gelées en 2005 et déjà 46 pour les trois premiers trimestres de 2006. Septembre sera le mois le plus touché avec onze journées non travaillées. “Il ne faut pas s’attendre à des miracles. Les mois qui viennent vont aussi être très difficiles, probablement jusqu’au milieu de 2007 qui verra le lancement de la remplaçante de la Laguna”, estime Guy Vallot, secrétaire FO du Comité d’entreprise.

Le syndicaliste dit s’inquiéter “d’abord” pour les salariés victimes du chômage partiel qui n’est qu’en partie indemnisé par l’Etat (20%) et Renault (40%). La perte atteint environ 30 euros par jour chômé pour un opérateur. “Certains salariés ont déjà perdu pratiquement l’équivalent d’un mois de salaire depuis le début de l’année”, assure Lionel Lepage, délégué CGT.

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Un ouvrier de Renault distribue des tracts à ses collègues, le 9 février 2006, à Sandouville (Photo : Robert François)

De son côté la direction s’est dit prête à étendre le détachement de salariés sur d’autres sites, à développer la formation durant les journées non travaillées et à améliorer l’accord sur l’aménagement du temps de travail. “Ce projet permettrait de faire face à 40 journées non travaillées sans perte de rémunération”, assure la direction dans un communiqué.

Les syndicats souhaiteraient que le groupe aille plus loin et s’engage à attribuer d’autres modèles à l’usine. “Je ne verrai aucun inconvénient à ce que ce soit un véhicule de la gamme Nissan”, dit même Guy Vallot.

Malgré les mises en garde du PDG Carlos Ghosn en février lors de la présentation du plan stratégique 2006-09, les syndicats disent toutefois ne pas craindre pour la pérennité de l’usine. “Elle n’est pas menacée parce qu’elle va construire la remplaçante de la Laguna mais on pourrait craindre la suppression d’équipes voire même de la deuxième chaîne”, dit Lionel Lepage.

L’usine n’est pas seule à souffrir de cette baisse des ventes. Ses fournisseurs qui lui livrent les pièces en flux tendus doivent aussi s’adapter. “Ces entreprises font face en jouant avec leur volant d’intérimaires qui sont très nombreux”, assure Lionel Lepage.

 31/08/2006 15:18:54 – © 2006 AFP