USA : l’ampleur du ralentissement immobilier commence à devenir inquiétante

 
 
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Une maison fraîchement construite attend ses acheteurs, à Sugar Grove, dans l’Illinois, le 2 août 2006 (Photo : Jeff Haynes)

[23/08/2006 17:34:41] WASHINGTON (AFP) Les reventes de logements aux Etats-Unis ont atteint en juillet leur plus bas niveau en deux ans et demi, et l’ampleur du ralentissement de l’immobilier commence à préoccuper les analystes.

Les reventes de logements ont baissé de 4,1% en juillet par rapport à juin pour s’établir à 6,33 millions d’unités (en rythme annuel), le niveau le plus bas depuis janvier 2004, a annoncé mercredi le groupement national des agents immobiliers (NAR).

Sur un an, la baisse a atteint 11,2%.

Un recul était attendu, alors que les taux d’emprunt ne cessent d’augmenter. Mais l’ampleur de juillet a surpris les analystes et fait plonger la Bourse dans le rouge.

Cet indicateur a “ravivé les craintes de voir l’économie américaine ralentir brutalement”, selon Peter Cardillo, de SW Bach.

“Il est encore un peu tôt pour savoir si l’économie américaine ralentit en douceur ou d’une façon brutale mais il est clair que la hausse des stocks invendus n’est pas un très bon signe”, a-t-il ajouté.

Il y avait en juillet l’équivalent de 7,3 mois de stocks de logements à vendre, soit le niveau le plus élevé depuis avril 1993.

Plus les stocks augmentent, plus les prix sont sous pression. De fait, le prix médian des logements n’a progressé que de 0,9% en juillet sur un an, à 230.000 dollars.

Certains analystes s’étonnent même qu’ils n’aient pas déjà baissé.

“On emploie rarement +surplus d’invendus+ et +stabilité des prix+ dans la même phrase. Le risque est que les prix chutent, et même beaucoup”, estime l’économiste indépendant Joel Naroff.

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Un ouvrier travaille sur le chantier d’une maison à Sugar Grove, dans l’Illinois, le 2 août 2006 (Photo : Jeff Haynes)

Si cela se produisait, cela affecterait directement la consommation car le système américain permet aux emprunteurs de recharger leurs crédit au fur et à mesure que leur logement s’apprécie.

Or la consommation représente les deux tiers de la croissance américaine — d’où la crainte qu’une explosion de la bulle immobilière n’entraîne toute l’économie.

C’est la préoccupation majeure de la Réserve fédérale (Fed), qui avait décidé lors de sa dernière réunion de laisser son principal taux directeur inchangé à 5,25% pour ménager la croissance, explique M. Narroff.

Le président de la Fed de Chicago, Michael Moskow, a fait écho à ces craintes dans un discours mardi où il a jugé que “le ralentissement en douceur (de l’immobilier) que nous avons vu jusqu’à présent pourrait devenir plus marqué”.

Et “même si le secteur ne représente que 5% du PIB, un déclin important et inattendu pourrait avoir des conséquences importantes pour un certain nombre de secteurs”, a-t-il ajouté.

Certains analystes soulignent que, malgré son ralentissement qui a commencé l’an dernier, l’immobilier connaît une activité encore largement au dessus du niveau d’avant le boom, en 2001.

C’est pourquoi “le ralentissement va continuer”, prédit Philip Neuhart de la banque Wachovia.

L’économiste voit les reventes de logements “tomber sous la barre des 6 millions au premier trimestre l’an prochain et continuer à baisser pendant tout 2007”.

Le ralentissement du secteur n’a pas que du négatif pour les Américains qui ont raté le coche de l’immobilier il y a quelques années et qui pourraient enfin accéder à la propriété.

“Beaucoup d’acheteurs potentiels s’étaient mis sur la touche, attendant que les vendeurs soient prêts à des compromis sur les prix et les termes de la vente”, souligne David Lereah, chef économiste de la NAR.

“Maintenant les vendeurs fixent des prix qui reflètent les réalités du marché”, ajoute-t-il.

 23/08/2006 17:34:41 – © 2006 AFP