USA : le gros coup de frein sur l’immobilier fait craindre pour la croissance

 
 
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Un chantier en construction à Chicago, le 26 juillet 2006 (Photo : Tim Boyle)

[28/07/2006 08:25:13] WASHINGTON (AFP) Le secteur immobilier a subi un gros coup de frein en juin aux Etats-Unis, et le gonflement des stocks fait craindre des répercussions pour la croissance après cinq années de boom du secteur.

Le nombre de transactions a baissé de 3% pour les logements neufs en juin par rapport à mai, et de 1,3% pour les logements déjà existants. Sur un an, le recul est encore plus marqué: -11,1% dans le neuf et -8,9% dans l’ancien.

Les prix, eux, parviennent tout juste à suivre l’inflation dans le neuf (+2,3% sur un an) et se situent nettement en dessous pour l’ancien (+0,9%).

Et la tendance devrait s’accentuer. Il faut s’attendre à ce que “les prix commencent à se détériorer”, a affirmé David Lereah, le chef économiste de l’association des constructeurs de logements (NAR), au quotidien USA Today mercredi.

“Le marché tourne du côté des acheteurs”, selon Thomas Stevens, le président de la NAR.

C’est un revirement après cinq années où le secteur immobilier a battu record sur record, et où les vendeurs semblaient faire la loi. Jusqu’à l’an dernier, les marchés les plus côtés regorgeaient d’histoires de surenchères, de vendeurs campant devant le bureau de vente ou d’appartements achetés et vendus plusieurs fois avant l’achèvement des travaux.

Depuis plusieurs mois le ralentissement est perceptible, et il semble s’être accéléré à l’été.

Le moral des constructeurs de logements, en baisse constante depuis le début de l’année, est tombé en juillet à son plus bas niveau depuis décembre 1991 — une mauvaise année puisqu’elle était celle de la récession et de l’éclatement de la dernière bulle immobilière.

S’agit-il aujourd’hui d’une répétition du même scénario, ou d’une fausse alerte de plus?

Pour l’instant les analystes restent confiants.

“L’atterrissage en douceur reste le scénario le plus probable”, assure Patrick Newport de Global Insight.

Mais ils sont de plus en plus nerveux. Car cette fois, le nombre de biens sur le marché ne cesse de gonfler.

Les stocks de logements neufs ont atteint un record en juin, et il y a 39% de logements existants en plus sur le marché aujourd’hui qu’il y a un an.

“On a l’impression que tous ceux qui espèrent vendre un jour ont mis leur maison sur le marché”, note l’économiste indépendant Joel Naroff.

“Cela ne peut rassurer personne sur la stabilité de ce marché”, ajoute-t-il.

Une autre menace vient des rétractations, qui semblent de plus en plus nombreuses.

“Beaucoup de gens qui ont signé un contrat en pensant que le secteur était en plein boom pourraient revenir sur leurs contrats. Le marché des logements neufs est dans doute plus faible que ne le reflètent les chiffres des ventes”, assure Philip Neuhart de Wachovia.

Face à ce ralentissement, les promoteurs doivent faire preuve d’imagination. Certains offrent des piscines pour l’achat d’une maison, d’autres des voyages.

Au delà des promoteurs, c’est toute l’économie qui risque de souffrir.

Le système de prêt hypothécaire, qui permet de “recharger” son crédit avec l’appréciation de son logement, a soutenu le revenu des ménages et la consommation pendant cinq ans.

“Les sommes dégagées par le refinancement sont évaluées autour de 1.000 milliards de dollars. Cela a ajouté 2% environ à la croissance chaque année par le biais de la consommation. C’est fini”, souligne David Kotok du cabinet Cumberland Advisors.

Résoudre le problème risque d’être un casse-tête pour la banque centrale américaine (Fed), qui est par ailleurs tentée de relever ses taux pour lutter contre l’inflation.

“Si la Fed relève ses taux, cela aggrave la faiblesse du secteur et fait courir le risque d’une récession”, estime M. Kotok.

 28/07/2006 08:25:13 – © 2006 AFP