Dialogue de sourds sur l’énergie entre la Russie et l’UE au G8

 
 
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Le président russe Vladimir Poutine lors du sommet du G8 à Saint-Pétersbourg, le 16 juillet 2006 (Photo : Paul J. Richards)

[16/07/2006 20:32:02] SAINT-PETERSBOURG (AFP) La Russie et les Occidentaux sont restés sur des positions largement figées dans leur différend énergétique lors du sommet du G8 de Saint-Pétersbourg, Moscou en particulier continuant à veiller jalousement au monopole de son géant gazier Gazprom.

“Nous n’avons rien obtenu de concret sur l’ouverture du secteur énergétique russe à la concurrence étrangère”, a observé un haut responsable européen, qui a demandé à ne pas être cité, en commentant la déclaration sur la sécurité énergétique adoptée par le G8 dimanche.

Dans ce texte, le forum des pays riches s’engage certes à promouvoir des marchés de l’énergie “ouverts et transparents” et à développer, pour ceux qui le souhaitent, le recours à l’énergie nucléaire.

Mais “le vrai problème est de passer à la mise en pratique des principes adoptés”, relève ce haut responsable européen.

Les pays du G8 ont également affirmé leur soutien aux principes de la Charte de l’énergie, signée en 1994 par la Russie mais qu’elle n’a depuis jamais ratifiée. Ce document impose la soumission aux règles de la concurrence et l’ouverture des marchés dans l’énergie.

Les pays européens du G8, qui dépendent étroitement de Moscou pour l’énergie (l’UE importe un quart de son gaz et 18% de son pétrole de Russie) ont beaucoup milité pour l’inclusion de cette référence à la Charte.

Ils ont été échaudés par l’interruption brutale des livraisons de Moscou à l’Ukraine en début d’année et estiment qu’une ouverture du réseau russe à la concurrence réduirait cette dépendance.

“Les principes de base de la Charte de l’Energie sont là, il faut espérer qu’ils seront traduit par des engagements fermes”, a souligné le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Dans une pirouette, le ministre de l’Energie russe Viktor Khristenko a observé que Moscou ratifiera “volontiers la Charte de l’Energie” mais “après un succès des négociations sur le protocole de transit”.

Un bémol très important puisque les positions russes et européennes sur ce texte attenant à la Charte, qui pourrait donner à des pays tiers l’accès aux gazoducs russes, n’ont pas avancé d’un iota.

Le canal unique d’exportation de gaz, contrôlé par Gazprom, “n’est pas contradictoire avec les principes de marché” tels qu’ils sont énoncés dans la déclaration du G8, a insisté M. Khristenko.

Ce monopole “est la meilleure solution pour la Russie” et “garantit la sécurité énergétique”, a martelé le ministre, se félicitant que les députés russes aient voté une loi donnant force juridique au monopole d’exportation du géant russe, dont il disposait jusque là de facto.

Les Russes, qui s’étaient agacés des obstacles mis par les Européens aux projets d’expansion de Gazprom, ont décroché au G8 une mention en faveur de la libre entrée des groupes russes sur le marché énergétique européen.

“Il est particulièrement important que les entreprises des pays producteurs et consommateurs d’énergie puissent investir dans des actifs internationaux en amont et en aval”, relève le texte.

Les récentes velléités de Gazprom d’acquérir la société Centrica, propriétaire de British Gas, le plus gros fournisseur de gaz britannique, ont rencontré une opposition à peine voilée à Londres.

Lors d’une rencontre dimanche avec le Premier ministre britannique, le président Vladimir Poutine est revenu sur ce différend en suggérant à Tony Blair de ne pas s’opposer à l’arrivée de Gazprom.

“L’activité des sociétés britanniques sur notre marché augmente, et j’espère que nos sociétés auront aussi l’occasion de travailler au Royaume-Uni”, a-t-il dit.

 16/07/2006 20:32:02 – © 2006 AFP