Pétrole : les tensions au Proche-Orient pourraient pousser les prix à 80 dollars

 
 
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Une pompe à essence à New Delhi, le 14 juillet 2006 (Photo : Manan Vatsyayana)

[14/07/2006 19:50:02] NEW YORK (AFP) Les prix du pétrole ont enfoncé la barre des 78 dollars le baril vendredi matin, et le marché envisage déjà de nouveaux records au-dessus de 80 dollars, alors que les tensions au Proche-Orient s’ajoutent à un équilibre précaire entre offre et demande.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” pour livraison en août a gagné 33 cents, clôturant à 77,03 dollars. Il avait enfoncé la barre des 78 dollars la veille, et touché 78,40 dollars pendant les échanges électroniques vers 21H45 GMT, son record historique.

A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord (pour livraison au mois d’août) a terminé à 77,27 dollars, en hausse de 58 cents. Vers 06H55 GMT, il avait grimpé jusqu’à 78,03 dollars, un nouveau record également.

Cette dernière poussée des cours a commencé jeudi avec la nouvelle de l’offensive militaire israélienne au Liban. Les deux protagonistes de cette crise ne sont pas des producteurs de pétrole, mais l’hypothèse d’une guerre ouverte fait craindre pour l’équilibre de la région.

Comme le fait remarquer Mike Wittner de Calyon, “en dernière analyse, tout ce qui se passe au Proche-Orient touche au pétrole”.

“Les prix du brut sont particulièrement sensibles aux tensions au Proche et au Moyen-Orient, une région qui compte pour 20% de la production mondiale de brut”, a renchéri Michael Davies, économiste à la maison de courtage Sucden.

Ce dernier facteur s’ajoute à une longue liste de troubles: l’Iran continue de tenir tête à la communauté internationale dans sa volonté de développer son programme nucléaire, l’industrie pétrolière au Nigeria est sous la menace constante de sabotages d’infrastructure et d’enlèvements de personnel, la Corée du Nord défie ses voisins et les Etats-Unis en procédant à des essais de missiles, et l’Irak est toujours en proie aux attentats.

Quant à la demande, elle ne donne aucun signe de fléchissement. L’industrie chinoise continue d’exiger du brut pour entretenir sa croissance qui tutoie les deux chiffres, et la demande d’essence américaine est à son pic saisonnier. C’est pourquoi, même si les stocks américains restent au-dessus de leur niveau de l’année dernière, la baisse de 6 millions de barils des réserves de brut la semaine dernière n’est pas passée inaperçue sur le marché.

“En termes réels, les prix restent en dessous des plus hauts historiques, mais l’écart se resserre”, observait Kevin Norrish, analyste à la banque Barclays Capital.

Selon les calculs de Barclays Capital, en dollars actuels corrigés des effets de l’inflation, il faudrait que les cours atteignent 89,40 dollars pour battre leurs plus hauts de 1979, après la révolution iranienne.

“Mais étant donné l’extrême vulnérabilité du marché pétrolier aux chocs à l’heure actuelle, c’est un record qui pourrait céder assez vite”, anticipait M. Norrish.

Pour Tony Nunan, de Mitsubishi Corp, dans un tel contexte haussier les 80 dollars pourraient n’être qu’une étape. “Je crois qu’il est temps de comprendre que des prix à trois chiffres ne sont plus un fantasme, mais bien une possibilité concrète”, a-t-il avancé.

Il est possible en effet que les investisseurs ne soient pas au bout de leurs surprises, la saison des ouragans dans l’Atlantique n’ayant quant à elle pas encore véritablement commencé. Il y a un an, les ravages de Katrina sur les infrastructures pétrolières du golfe du Mexique avaient propulsé les prix au-dessus des 70 dollars.

 14/07/2006 19:50:02 – © 2006 AFP