Russie : Gazprom dégage des bénéfices records en 2005 mais attire les critiques

 
 
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Le siège de Gazprom à Moscou, le 30 juin 2006 (Photo : Denis Sinyakov)

[07/07/2006 16:02:47] MOSCOU (AFP) Gazprom, le géant russe du gaz, a dégagé en 2005 un bénéfice net record de 11,7 milliards de dollars, en hausse de 49%, jugé toutefois décevant par les analystes, tandis que les critiques se multiplient sur la gestion du groupe et le manque d’investissements dans l’extraction.

Dans une interview vendredi au International Herald Tribune, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Claude Mandil, réitère ses critiques sur la faiblesse des investissements de Gazprom et s’inquiète de la capacité du gazier semi-public à répondre à ses engagements d’approvisionnement des pays européens.

“Gazprom n’a pas suffisamment investi pour exploiter de nouveaux champs d’extraction, pour améliorer l’exploitation de ses champs existants” ou pour “améliorer la fiabilité de son réseau d’acheminement”, déclare Claude Mandil.

L’action du groupe reculait de 2,36% à 10,35 dollars à Moscou à 14H00 GMT, alors que les investisseurs s’attendaient à un bénéfice de 12,7 milliards de dollars, prévu par un consensus d’analystes.

“Le bénéfice net est inférieur d’un milliard de dollars à ce que l’on attendait”, observe Nadia Kazakova, analyste de la banque Alfa, alors que l’an passé le groupe a bénéficié de prix des hydrocarbures exceptionnellement élevés.

Le groupe a notamment vu ses ventes de gaz en Europe bondir de 38% à un prix moyen de 202 dollars les 1.000 m3, et ses ventes à ses voisins de l’ex-URSS progresser de 58%, même s’il continue à vendre son gaz à perte sur le marché intérieur en raison de tarifs régulés par le gouvernement.

Cependant les prévisions étaient particulièrement divergentes, les analystes ne sachant pas comment le géant gazier allait inclure dans ses comptes les résultats du groupe pétrolier Sibneft, acquis en octobre dernier auprès du milliardaire Roman Abramovitch et rebaptisé Gazprom Neft, tempère l’analyste.

La compagnie, dont la capitalisation s’est hissée parmi les dix plus importantes du monde cette année, après la levée des restrictions imposées précédemment aux investisseurs étrangers, doit encore faire des efforts de transparence si elle veut voir sa valorisation progresser, souligne Mme Kazakova.

“Pour une compagnie qui veut se classer parmi les premières européennes, il y a encore à faire pour améliorer les prévisions et faciliter l’accès à la direction”, relève-t-elle.

Claude Mandil se plaint lui aussi du manque de transparence du groupe, qui garde jalousement les données sur ses investissements.

“J’ai juste demandé à Gazprom: Donnez-moi s’il vous plaît vos chiffres exacts. Mais jusqu’à présent nous ne les avons pas”, explique le directeur exécutif de l’AIE.

Vladimir Milov, président de l’Institut de politique énergétique et ancien vice-ministre russe de l’Energie, a présenté en mai un rapport dans lequel il estime que Gazprom, qui assure 26% de la consommation européenne de gaz, pourrait être en déficit de 100 milliards de m3 en 2010. Il critique également l’appétit du géant gazier à réaliser des acquisitions à l’étranger et à construire des gazoducs sans être certain de pouvoir les remplir, au détriment du développement de nouveaux gisements.

Gazprom a investi entre 2000 et 2006 12,6 milliards de dollars seulement dans l’extraction de gaz, quand il investissait 30,6 milliards dans d’autres projets, souligne-t-il dans ce rapport.

Gazprom a assuré en juin qu’il allait investir plus de 4,6 milliards de dollars dans ses gisements, répondant ainsi aux inquiétudes des Européens.

Le géant semi-public, dont la production est en léger recul depuis le début de l’année, a précisé qu’il voulait porter son extraction de 547,9 milliards de m3 en 2005 à 560 milliards vers 2010 et à plus de 580 milliards vers 2020.

 07/07/2006 16:02:47 – © 2006 AFP